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Besoin n’est pas de montrer les dangers que présenterait cette nouvelle invasion. Les populations des communes dévastées sont calmes, raisonnables et profondément pacifiques ; mais on ne peut pas attendre d’elles qu’elles aient déjà oublié, au milieu de leurs ruines, les souffrances de la guerre et les méfaits des soldats allemands. Qu’il vienne, çà et là, sous le contrôle français, des équipes d’ouvriers d’outre-Rhin, soit. A la condition qu’ils soient sérieusement surveillés, on pourra éviter les incidents et les rixes. Mais que, dans des pays restés pendant quatre ans sous la domination allemande, on voie revenir, comme ingénieurs et comme contre-maîtres, les officiers et les sous-officiers qui ont mis les habitants à contribution et se sont partout promenés en maîtres, ce sera courir les risques les plus redoutables : il n’y aura pas d’autorité assez puissante pour prévenir les conflits et pour assurer le maintien de l’ordre.

Si les Alliés sont décidés à écarter ces combinaisons périlleuses et à n’accepter que dans une sage mesure les prestations en nature et en main-d’œuvre, s’ils sont également résolus à ne plus consentir de diminution sur une créance déjà si cruellement amputée, ils doivent s’entendre, d’avance, sur la conduite à suivre vis-à-vis d’une Allemagne récalcitrante et, par conséquent, sur la mise en pratique des sanctions prévues. A comparer les déclarations de M. Briand et celles de M. Lloyd George, il est aisé de deviner que, sur cette question capitale, l’accord entre les deux gouvernements n’est pas encore aussi complet qu’on pouvait l’espérer. Rien n’a été signé à Paris. On s’est borné à énumérer quatre sanctions éventuelles. On n’a pas eu le temps d’en définir le fonctionnement. La note officieuse qu’a publiée à ce sujet le gouvernement allemand rend indispensables une nouvelle conversation des Alliés et une entente complémentaire.

La première sanction prévue est, en effet, la suivante : « La date à partir de laquelle commenceront à courir les délais d’occupation des territoires rhénans ne comptera qu’à dater du moment où satisfaction aura été donnée aux Alliés. » Et M. Briand, commentant ce texte, a répété ce qu’avait déjà déclaré autrefois M. Millerand : « Actuellement, les délais ne courent pas, puisque l’Allemagne n’a pas encore exécuté le Traité. » Mais la note officieuse du Reich répond : « L’affirmation que les délais d’occupation des pays rhénans n’ont pas encore commencé à courir a été déjà, à plusieurs reprises, repoussée par l’Allemagne. Les délais commencent à courir dès le