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les Alliés laissèrent à l’Allemagne, pour faire des propositions, quatre mois à partir de la signature du Traité, et ils lui indiquèrent, par avance, les combinaisons qu’ils consentiraient à examiner avant l’expiration de ce délai. « L’Allemagne, disaient-ils, pourra offrir une somme globale pour le règlement, soit de l’intégralité de sa dette, soit de telles ou telles catégories de dommages parmi celles qui sont inscrites au traité. L’Allemagne pourra offrir, soit d’effectuer par ses propres moyens la restauration et la reconstruction, en partie ou en totalité, dans des secteurs dévastés, soit de réparer, dans les mêmes conditions, certaines catégories de dommages dans des régions déterminées ou dans toutes les régions qui ont souffert de la guerre. L’Allemagne pourra offrir, en vue de l’exécution de ces travaux, et même si elle ne les exécute pas elle-même, de la main-d’œuvre, des matériaux et des services de techniciens. « La note contenait, en outre, cette réserve prudente : « Il est impossible de déclarer d’avance que ces propositions seront acceptées et, dans le cas où elles seraient admises, elles pourront être soumises à des conditions susceptibles de faire l’objet de discussions et d’arrangements. » Ainsi, les Alliés disaient aux Allemands : « Pendant six mois, nous vous offrons un régime de faveur. Vous serez libres de nous faire des propositions. Vous pourrez, ou bien entreprendre vous-mêmes la reconstitution, même en totalité, d’un des secteurs dévastés, ou bien réparer, même dans toutes les régions sinistrées, certaines catégories déterminées de dommages. Votre droit sera donc limité dans le temps : vous avez six mois pour vous décider. Il sera également limité dans l’espace. Vous ne pouvez vous charger de toute la reconstitution. Il faudra que vous choisissiez certains secteurs et certaines catégories de dommages. Et encore, bien entendu, nous nous réservons de repousser ou de discuter et de conditionner vos projets. » Et M. Clemenceau concluait sa lettre d’envoi par ces mots, que j’ai déjà cités ici et qu’il faut bien encore rappeler : « Si, au cours des deux mois qui suivront la mise en vigueur du Traité, on peut arriver à un accord, l’exacte responsabilité pécuniaire de l’Allemagne sera ainsi déterminée. Si un accord n’est pas intervenu dans ce délai, l’arrangement prévu par le traité sera exécuté. » Le délai est expiré depuis longtemps et, non seulement l’Allemagne émet la prétention de conserver le privilège qui lui avait été momentanément reconnu, mais elle parait vouloir en élargir l’étendue et en aggraver les effets. Elle rêve de lâcher sur nos départements du Nord et de l’Est ses industriels, ses entrepreneurs, ses ingénieurs et ses ouvriers.