Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait simplement une guerre défensive. Ainsi, lorsque l’Allemagne, pour permettre à l’Autriche d’écraser la Serbie, déclarait la guerre à la Russie, c’était une guerre défensive qu’elle déclarait ! Lorsqu’elle déclarait la guerre à la France, c’était encore une guerre défensive I Et c’est par une coupable méconnaissance de la vérité que l’Italie a refusé de remplir les obligations de la Triple Alliance, qui la forçait à seconder l’Allemagne en cas de guerre défensive ! Et c’est par une non moins criminelle injustice que l’Angleterre a cru la Belgique et la France attaquées et s’est portée à leur secours ! Et c’est par une incroyable aberration que le Japon, les États-Unis, le Brésil et tant de peuples des deux mondes ont pris parti contre l’Allemagne, au lieu de l’aider à se défendre ! M. Von Simons est convaincu que l’Allemagne a eu raison contre tout l’univers et le docteur Helfferich, complétant la pensée du ministre des Affaires étrangères. s’écrie : « Nous chanterons, en dépit de tous les diables : Deutschland, Deutschland über alles. » Voilà l’œuvre des Alliés, voilà les résultats des concessions qu’ils ont faites depuis un an à l’Allemagne, renonciation à la livraison des coupables, prorogation des délais fixés pour le désarmement, avances et primes pour le charbon, amputation de notre créance. Au lieu de nous remercier, l’Allemagne nous menace et nous injurie.

Le rabais que les Alliés se sont spontanément imposé, dans la dernière Conférence de Paris, est cependant formidable et il nous créera une situation dont les Commissions financières des deux Chambres se sont vivement alarmées. Elles ont même jugé nécessaire de prier le Gouvernement d’obtenir de nos alliés des précisions et des garanties complémentaires. C’est ainsi qu’elles se sont demandé comment les annuités fixes et variables, prévues par l’accord de Paris et devant commencer à courir le 1er mai prochain, joueraient avec l’article 235 du traité de Versailles. Aux termes de cet article, l’Allemagne devait payer, pendant les années 1919, 1920 et les quatre premiers mois de 1921, en prestations de diverses natures, l’équivalent de vingt milliards de marks or, à valoir sur la créance des Alliés. Sur cette somme, qui formait donc un simple acompte, devaient être prélevés le remboursement des frais de l’armée d’occupation et le paiement des dépenses de ravitaillement de l’Allemagne ; et il était stipulé que le solde viendrait en déduction des sommes dues par l’Allemagne à titre de réparations. Dès lors, après les accords de Paris, se posaient des questions importantes. Supposons, en premier lieu, que ce compte de vingt milliards de marks or laisse, le 1er mai prochain,