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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra-Comique : Forfaiture, drame lyrique en cinq actes, paroles de MM. Paul Milliet et André de Lorde, d’après M. Turnbill ; musique de Camille Erlanger. — Œuvres de M. Raoul Laparra.


Un de nos amis, bon musicien, nous écrivait : « Mon goût pour la divine musique est plus vif que jamais, mais ma curiosité pour le vacarme contemporain diminue chaque jour. Je ne vais plus au théâtre ou au concert, que sûr de mon plaisir. C’est bien rare. On y joue trop mal ce que j’aime et trop bien ce que je n’aime pas… Je m’enferme chez moi, avec mes livres et mes partitions. À certains jours, quand je suis très bien disposé, je suis encore assez content de mon interprétation silencieuse. À condition de ne pas bouger, de ne lien ouvrir, ni le piano ni les livres, c’est très beau, — pour moi seul, — et supportable pour les voisins. »

Et ego. Nous aussi nous connaissons, nous goûtons cette sorte de plaisir, musical et muet à la fois. Mais, hélas ! il faut de temps en temps sortir de la retraite et du silence, aller au concert, au théâtre, sans être sûr de son plaisir. Nous étions même, d’avance, à peu près assuré du contraire en nous rendant à l’Opéra-Comique pour ouïr la Forfaiture posthume de Camille Erlanger.

Le jour de la répétition générale et le soir de la première représentation, bon nombre d’auditeurs s’écriaient, d’une voix plaisamment irritée : « Je préfère encore… » Eh ! bien non. Je ne nommerai pas l’ouvrage, ou les ouvrages, que préféraient ce bon nombre d’auditeurs, désireux que je suis d’épargner l’humiliation de leur préférence à la mémoire du musicien qui n’est plus.

Pour commencer par le commencement, le titre seul de l’ouvrage est une première faute, une faute de français. Au mot « forfaiture, »