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le triste effet sur les Alliés. Il prêche le calme et la possession de soi, expose à la Chambre l’état des questions intéressant 1 Italie et réussit à apaiser les esprits. Peu de jours après, le 14 juillet, les Parisiens prouvent, en applaudissant chaleureusement les troupes italiennes sur le parcours du défilé triomphal, que la France ne tient pas rigueur à l’Italie d’incidents qu’elle ramène à leurs justes proportions.


VII. — LE PROJET DU 2 AOUT ET LA LETTRE DU 18 SEPTEMBRE

L’attitude du gouvernement français le lui prouve également. Dès avant la fin de ce dramatique intermède, la question adriatique a été abordée de nouveau. Après un échange de notes, qui ont déblayé le terrain de certaines difficultés et précisé le point où les négociations antérieures ont conduit la discussion, le soin est laissé à M. Tittoni de formuler ses propositions. M. Wilson est rentré en Amérique ; M. Polk, plus enclin que lui aux concessions, le représente à la Conférence. M. Lloyd George a regagné Londres et ne fait plus à Paris, où le remplace M. Balfour, que de courtes apparitions. Au début d’août, M. Tittoni va le voir en Angleterre ; à son retour, ses propositions sont au point. Le 12 août, se réunissent au quai d’Orsay, pour les entendre, M. Clemenceau, M. Pichon, M. Balfour, M. Polk, M. Matsui (Japon) et M. Tittoni. Ce dernier propose de constituer la ville de Fiume, avec une partie de son hinterland et l’ile de Veglia, en Etat libre, neutre, sous la protection de la Société des Nations ; d’attribuer à la Yougo-Slavie toute la Dalmatie, sauf Zara et son district ; de modifier légèrement en Istrie la frontière admise par M. Wilson, de manière que le chemin de fer de Trieste à Vienne passe d’Italie en Autriche sans traverser le territoire yougo-slave ; de rectifier aussi et pour le même objet le tracé de cette frontière du côté d’Asling, sans toutefois englober ce point ; de neutraliser l’Istrie orientale, ainsi que les îles de Cherso et de Lussin, ces dernières étant attribuées à l’Italie ; de donner à l’Italie le mandat sur l’Albanie dans ses frontières de 1913, à charge pour le gouvernement italien de s’entendre avec la Grèce sur la délimitation du pays au Sud et pour le gouvernement grec de neutraliser la côte épirote et le canal de Corfou. L’exposé de ces propositions terminé, M. Clemenceau se déclare disposé à les