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LES AMANTS D’ANNECY
ANNE D’ESTE ET JACQUES DE SAVOIE

II.[1]


VI. — L’HISTOIRE : JACQUES DE SAVOIE-NEMOURS

Celui-ci, du moins, Mme de La Fayette le désigne en toutes lettres. Elle l’a pris, tout vivant, à la Cour des Valois pour l’introduire dans son roman. L’a-t-elle représenté au naturel ? Il appartenait donc à la branche cadette de la maison de Savoie et il était né le 12 octobre 1531, dans l’abbaye de Vauluisant en Champagne. Sa mère, Charlotte d’Orléans, l’éleva soit à Annecy, soit à la Cour de France. Il devait être fidèle à ses origines françaises plus qu’à ses origines savoyardes, car il combattit, toute sa vie active, pour la France, et même contre son cousin Emmanuel-Philibert, duc de Savoie. Un document conservé à Turin donne sur son éducation ces détails : « Il s’adonna, dès sa politesse, suivant sa naturelle inclination, à l’exercice des armes tant à pied qu’à cheval (aimant avec ce très grandement la musique), à l’occasion de quoy son escuerie et armamentaire feurent de tout temps des mieulx fornies de chevaulx et toute sorte de armes et harnois de France, tellement que dans peu de temps il se rendit si adroit et si parfaict en l’exercice militaire que en la 15e année de son aage, il se trouva avec le roy Henry au siège de Bologne, là où il bailla à la présence de ce grand roy

  1. Voyez la Revue du 15 décembre.