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L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.


-postes étaient établis pour assurer la protection de la voie ferrée Mersine-Adana.

Cette voie de premier intérêt était ainsi récupérée. Elle fonctionne depuis dans des conditions satisfaisantes, ce qui a rendu la vie au pays, comme le rétablissement de l’ordre a commencé à lui rendre la sécurité, qui a permis déjà les emblavements et la récolte du coton.

Pour achever sa tâche pacificatrice, la colonne du général Gouboau devait, après ses succès dans l’Ouest, se porter à nouveau dans l’Est et rallier Aïntab, assiégé par nous, pour régler avec les forces kémalistes cet autre débat.

Mais sa mission principale était remplie, aussi bien du moins qu’elle pouvait l’être vis-à-vis d’un ennemi tel que les Kémalistes, usant de bandes insaisissables. C’est que le problème militaire s’est présenté bien différemment en Cilicie et en Syrie. Il semble, en effet, que le général Goubeau, disposant de la même force que celle qui avait abattu Feycal, devait porter à Mustafa Kémal le même coup décisif. Mais, en réalité, les théâtres d’opérations et les adversaires différaient.

En juillet, devant Damas, nous avons eu l’heureuse chance de trouver réuni devant nous un triple objectif : militaire, l’armée chérifienne ; politique, l’émir Feyçal et son gouvernement ; géographique, la ville de Damas. Un combat heureux a tranché du même coup les trois questions.

La situation est différente en Cilicie. Là, point d’objectifs, ou du moins un ennemi mobile qui se dérobe, quand il se sent en infériorité ou menacé d’être tourné, et qui a toute l’Anatolie derrière lui.

Il faut donc considérer que nos opérations militaires de Cilicie ont obtenu le maximum du succès sur lequel elles permettaient de compter. Nos troupes ont battu l’ennemi partout où il a osé tenir, et réinstallé au Nord de la ligne ferrée une série de positions, à l’abri desquelles le pays se pacifie et reprend sa vie. Les Kémalistes ont déjà essayé de les enlever, mais ils s’y sont cassé les dents.



Tel est l’exposé de la situation politique et militaire en Syrie et en Cilicie au cours de l’année que le général Gouraud vient de passer au Levant. Les difficultés ne lui ont pas manqué.