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sociale de la Rhénanie connaissant par nous la liberté du travail et s’épanouissant sous la direction d’une élite indigène.

Ainsi nous avons été des éveilleurs, ou plus exactement des modeleurs. Nous avons servi la Rhénanie, en donnant des formes à sa riche matière humaine. Cela dans les trois domaines que nous venons de décrire et dans d’autres que l’on voudrait aborder. Notre cours annonçait un ample sujet, à vrai dire un sujet illimité, aussi étendu que l’histoire de nos relations avec la Rhénanie. Je n’ai pu que l’amorcer. Et voilà que nous laissons sans même les nommer d’autres points de contact.

Nous savons que les armées de la Révolution ont trouvé prêts à les accueillir les clubs de Mayence et de Cologne, et que les publicistes libéraux de la Rhénanie en 1848 s’appuyaient avant tout sur la pensée révolutionnaire française ; nous savons que dans la campagne menée avant 1914 contre la Légion étrangère, les autorités allemandes ont tâché de multiplier leurs efforts dans les villes rhénanes, à cause d’une vieille persistance de nos séductions militaires ; nous savons enfin que, pour bien des enrichis des grandes villes négociantes du Rhin, Paris n’a pas cessé d’exercer un attrait de capitale du luxe et du plaisir raffiné.

Nous savons, nous savons encore… Mais ne pouvant tout dire, j’ai tâché de choisir des valeurs qui, à la fois en surface et en durée, indiquent la prise la plus agissante, les points vivaces et durables de rencontre. L’intéressant, c’était de dresser un type d’enquête dont on pourra multiplier les compléments.

Si schématique que soit notre tableau, il parle. Je pense que nous avons levé un coin du voile qui couvrait cet important sujet des relations franco-rhénanes, et que nous avons de nouveau rendu intelligible ce vieux système d’irrigation qui, jusqu’en 1870, à fertilisé toute la rive gauche. Déchus d’une gloire immense, nous nous taisions. Et cela fut noble. Maintenant, après la victoire et devant les tâches qu’elle nous propose, il fallait sortir de cette espèce de silence stoïcien, et, puisque nous avons été les bienfaiteurs de la Rhénanie, le savoir et le dire.

Il ne faut plus que personne s’aille promener dans les villes et les campagnes du Rhin sans y voir empreinte dans le sol la main de la France.

Toutes ces pensées que, depuis l’arrivée de Custine dans Mayence, la France a semées au bord du fleuve, y demeurent