passages de l’Alle et de l’Angerrap ; les Allemands se replient vers Kœnigsberg.
Avant-hier, le Japon a déclaré la guerre à l’Allemagne. Une escadre japonaise bombarde Kiao-Tchéou.
Mercredi, 26 août.
Les armées française et anglaise continuent leur retraite. Le camp retranché de Maubeuge est investi. Une avant-garde de cavalerie allemande parcourt les environs de Roubaix.
J’ai veillé à ce que ces événements fussent présentés par la presse russe sous l’aspect le plus convenable (et peut-être le plus vrai), c’est-à-dire comme un recul provisoire et méthodique, préludant à une volte-face prochaine, en vue d’une offensive plus dense et plus forte. Tous les journaux soutiennent cette thèse.
Le Grand-Duc Nicolas me fait dire par Sazonow :
— Le mouvement rétrograde ordonné par le général Joffre est conforme à toutes les règles de la stratégie. Nous devons souhaiter que, désormais, l’armée française s’expose le moins possible ; qu’elle ne se laisse ni entamer ni démoraliser ; qu’elle réserve toute sa puissance d’attaque et toute sa liberté de manœuvre jusqu’au jour où l’armée russe sera en état de porter les coups décisifs.
Je demande à Sazonow :
— Ce jour n’arrivera-t-il pas bientôt ?… Pensez que nos pertes sont énormes et que les Allemands sont à 250 kilomètres de Paris !
— Je crois que le Grand-Duc Nicolas est résolu à engager une opération importante pour retenir le plus d’Allemands possible sur notre front.
— Aux environs de Soldau et de Mlawa, sans doute ?
— Oui.
— Dans cette réponse brève, je crois sentir quelque réticence. Je supplie donc Sazonow d’être plus expansif :
— Songez, dis-je, comme l’heure est grave pour la France !
— Je le sais. et je n’oublie pas ce que nous devons à la France ; ni l’Empereur ni le Grand-Duc ne l’oublient non plus. Aussi, vous pouvez compter que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour secourir l’armée française… Mais, au