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l’Allemagne serait-elle autorisée à conserver des institutions militaires qui, si étroites qu’elles soient, seront toujours une menace pour ses voisins ? » Au moment même où les délégués des Puissances à la Conférence de la paix recevaient cette adresse de la Chambre française, M. Von Gerlach, qui était sous-secrétaire d’État au ministère allemand de l’Intérieur, donnait sa démission, parce que, disait-il déjà, le gouvernement du Reich faisait trop de concessions au parti militaire et, dans une conversation avec un rédacteur de la Nouvelle Gazette de Zurich, il déclarait : « Cent mille hommes suffisent amplement à l’Allemagne pour sa police intérieure. » Nous sommes loin de compte aujourd’hui, quand nous voyons évoluer, tout armées, à côté de la Reichswehr, la Sicherheitspolizei, l’Ordnungspolizei et les Einwohnerwehren. La note qu’a rédigée, sous la présidence du général Nollet, et à l’unanimité de ses membres alliés, la haute Commission de contrôle, la vérification complémentaire à laquelle a procédé le maréchal Foch, la liste d’infractions allemandes qu’a dressée, le 31 décembre, le Gouvernement français, ne peuvent laisser aucun doute sur les violations systématiques dont sont l’objet, au-delà du Rhin, les articles 177 et 178 du traité de Versailles. De sursis en sursis, les Alliés avaient fini par décider à Spa que l’armée allemande devait être réduite, pour le 1er octobre 1920, au chiffre de cent cinquante mille hommes et que, pour le 1er janvier 1921, les effectifs seraient obligatoirement ramenés au chiffre de cent mille hommes, avec la composition et l’organisation prévues au traité. A quelle condition ces prolongations de délai avaient-elles été accordées à l’Allemagne? A son retour de Spa, M. Millerand l’a indiqué avec précision à la Chambre des députés : à la condition, a-t-il dit, que le gouvernement allemand procédât au désarmement immédiat de l’Einwohnerwehr et de la Sicherheitspolizei ; et la décision se terminait par cette phrasé menaçante : « Si à n’importe quelle date, avant le 1er janvier 1921, les commissions alliées de contrôle en Allemagne constatent que les termes du présent arrangement ne sont pas loyalement exécutés, les Alliés procéderont (pesez bien ces mots; tout le monde nous a dit alors que ce futur signifiait : les Alliés procéderont ipso facto, dès qu’ils auront reçu l’avis des commissions compétentes) à l’occupation d’une nouvelle partie du territoire allemand, que ce soit la région de la Ruhr ou toute autre, et ne l’évacueront que le jour où toutes les conditions prévues auront été intégralement remplies. » Nous voici au 15 janvier. Nous n’avons occupé aucune nouvelle partie du territoire allemand et le gouvernement allemand nous répète