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enseignants. Les frères de la doctrine chrétienne arrivent à Coblence ; ou ils ont bientôt plus de cinquante orphelins comme élèves. En 1851, l’évêque Ketteler fonde une école de garçons à Mayence, et fait venir de Paris pour la diriger des Frères de Marie. On recueillera avec curiosité l’annonce que l’évêque mit dans les journaux pour faire valoir ses Parisiens : « Institution Sainte-Marie, placée sous le haut patronage de Mgr Ketteler, dirigée par les frères de la congrégation de Marie, de Paris. » Dans le même temps, le même Ketteler est préoccupé d’assurer dans les villages de son diocèse l’instruction des enfants et le soin des malades. A quel personnel, à quelle méthode s’arrêtera-t-il ? Il peut choisir les sœurs d’école de Munich ou les sœurs de la Providence de Ribeauvillé. Les sœurs de Munich mènent une vie trop retirée, se confinent trop dans leur cloitre ; il leur préfère les sœurs de Ribeauvillé. Sans doute aussi se rappelait-il avec complaisance la petite école tenue dans sa ville natale de Munster par certaines sœurs lorraines, qui étaient venues se réfugier là-bas, en Westphalie, après la guerre de Trente Ans. Il envoya donc une convertie, appartenant à la haute noblesse de Mayence, Fanny de Laroche Starkenfels, accomplir son noviciat dans la petite cité vosgienne de Ribeauvillé. Elle revint en 1856 et fonda, sur le modèle de l’ordre enseignant français, la congrégation des Sœurs de la Providence de Fincken.

Cependant les sœurs de Saint-Charles, qui sont à l’origine de toute cette merveilleuse floraison, continuent de croître au milieu de leurs rejets. Au 1er octobre 1851, la chronique mentionne qu’elles prennent la direction de l’orphelinat municipal de Cologne, et l’évêque de Mayence les installe à Bingen. Mais qu’avons-nous maintenant à dénombrer leurs progrès, les livres que les écrivains d’outre-Rhin leur consacrent, et les hommages que les princes prussiens leur décernent ? Leur titre de gloire, c’est qu’il y a désormais, dans le plus petit village de Rhénanie, des activités charitables dont elles ont fourni le modèle.

Les ordres religieux français se sont répandus en nombre infini sur la rive gauche du Rhin. C’est une véritable pluie bienfaisante qui remplit d’allégresse les protestants eux-mêmes. Ils ne se dérobent pas à la vertu de ces œuvres, où la discipline de France soutient l’élan indigène. Ecoutez l’un d’eux, l’historien Richl, dans ses tableaux de la vie palatine : « A