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Rhénanie des affinités spirituelles. Clément Brentano les constate, veut les fortifier et en tirer parti.

Les catholiques rhénans sont d’accord avec lui. C’est de tous côtés qu’ils se tournent vers la France et lui réclament des sœurs de Saint-Charles.

A Coblence, Jean Claude de Lasaulx (un des nombreux membres de cette fameuse famille rhénane, dont l’origine est lorraine), a reconstruit et agrandi l’hôpital créé par Lezay-Marnesia, de telle manière qu’on y loge deux écoles gratuites pour enfants pauvres et que l’Association des Femmes chrétiennes y tient ses réunions et son ouvroir. Mais que faire d’excellent, si l’on n’a pas des sœurs de charité françaises ? Au printemps de 1825, le Conseiller Dietz se met en route pour en demander à Strasbourg. Malheureux Dietz, il revient sans les avoir obtenues. Sa femme sera-t-elle plus persuasive ? Elle fait le voyage de Nancy et, à la maison mère, reçoit la promesse que cinq sœurs de Saint-Charles, partiront pour Coblence l’année suivante. En les attendant, Louise Hensel assurera le service de l’hôpital, avec deux de ses amies de Westphalie, Apollonie Diepenbrok et Pauline de Felgenhauer. Enfin, voici les sœurs lorraines. Quel événement pour la petite ville ! Elles arrivent de Nancy, conduites par leur mère supérieure, et descendent la Moselle en bateau. Depuis une génération, le peuple de ces régions n’avait vu aucune religieuse ; il accueillit, partout, celles-ci avec joie. Clément Brentano nous peint l’émerveillement des enfants devant les dames si douces, si bien costumées, dont leurs grands-parents leur avaient tant parlé. C’est au crépuscule, vers six heures du soir, que de la rivière, au milieu de l’émotion de tous, elles gagnent l’hôpital. « Ce fut comme si la colombe revenait à l’arche avec le rameau d’olivier. »

A Aix-la-Chapelle, même désir, même satisfaction. Le 25 septembre 1838, la mère supérieure Placide Bellanger amène elle-même de Nancy cinq sœurs à l’Institution Joséphine. Toutes les mesures ont été prises, annonce la gazette locale, et de fait elles sont reçues en grande pompe par la municipalité et les notables.

Que n’en trouve-t-on davantage ? Dans la seconde édition du livre de Brentano, l’éditeur remarque que les maisons, des sœurs de Saint-Charles « seraient encore plus nombreuses en Rhénanie, si on pouvait disposer de plus de sœurs parlant la