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refusée. Il va renouveler sa demande demain. Je vous en préviens pour que, si vous le jugez convenable, vous puissiez la faire approuver par le Président du Conseil. »

Pour justifier les plaintes de l’attaché naval, il faut se rappeler les preuves nombreuses qu’il avait déjà recueillies du germanisme de la cour de Grèce. Le 13 août précédent, par exemple, un courrier de la Légation d’Allemagne ; expédié en Anatolie et destiné à être dirigé sur Berlin, avait été intercepté par le service de renseignements anglo-français. On y avait trouvé des preuves irréfragables des relations de confiance qu’entretenaient avec Constantin les attachés militaire et naval de la Légation d’Allemagne, le colonel Falkenhausen et le baron de Grancy. Le premier se vantait d’être le favori du château de Tatoï, d’y dîner fréquemment, d’y prendre le thé et d’y faire écouter ses conseils. Rappelant à ce propos les paroles de l’Evangile, il écrivait : « Une partie du bon grain est dispersée par le vent, une autre tombe sur le sol dur, mais le reste entre dans la bonne terre et germe. »

Le langage de Grancy respirait moins de contentement et de confiance. Il se plaignait de n’avoir pu développer autant qu’il l’eût voulu la campagne des sous-marins : « Depuis que je suis ici, mon activité maritime est réduite à zéro. Elle ne cesse de décroître. »

Même découragement dans une lettre de Théotokis, le maréchal de cour de la Heine, adressée à son cousin, portant le même nom que lui, qui dirigeait à Berlin la Légation de Grèce. Il dénonçait le peu de zèle et l’incapacité des représentants de son gouvernement à Londres, à Rome et à Paris : « Heureusement, ajoutait-il, que le tsar et le roi d’Angleterre n’ont pas les mêmes idées que ces deux révolutionnaires de Sarrail et de Guillemin. »

Ces papiers et les propos qu’ils reproduisaient ne constituaient pas à proprement parler une découverte, mais ils confirmaient tous les soupçons conçus antérieurement. Il n’était donc pas contestable que le plus pur germanisme fleurissait dans l’entourage de Constantin et que les Alliés avaient raison lorsqu’ils mettaient en doute sa prétendue neutralité.

Le 29 octobre, un navire grec, l’Angeliki, fut torpillé dans les eaux territoriales grecques ; le 31, le Kiki-Issaia subit le même sort. A la suite de ces catastrophes, la Légation