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qu’elle nous assure tout d’abord un puissant moyen de contrainte : telles sont les conclusions à tirer de l’ensemble des considérations qui précèdent. Elles permettent de déterminer l’importance à donner à l’armée de guerre, comme aussi son mode de mobilisation.


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Elles ne sauraient cependant suffire à déterminer la constitution de l’armée, sa nature même. Pour y parvenir, il est nécessaire d’examiner les transformations amenées par la guerre.

Pendant plus de, quatre ans, les peuples viennent d’appliquer à la guerre toutes leurs forces : morales, physiques, matérielles. Pendant plus de quatre ans, sous l’empire d’une nécessité impérieuse, parce qu’il apparaissait chaque jour plus évident qu’on ne pourrait venir à bout de la guerre qu’en fournissant aux armées des moyens matériels d’une indiscutable puissance, tous les efforts ont été dirigés sur les inventions, les constructions à usage de guerre. D’où la création d’engins nouveaux, le développement, dans des proportions insoupçonnées, des engins déjà connus, la transformation toujours plus accentuée des armées de 1914, constituées à base d’hommes, en armées 5, base de machines, si bien que les armées de 1918 étaient arrivées à différer de celles de 1914 plus que celles-ci ne différaient de celles du Premier Empire.

Pour montrer toute l’étendue de cette transformation, il suffit de dire que l’effectif total des hommes mobilisés étant sensiblement le même en 1914 et en 1918, leur armement était augmenté dans les conditions suivantes :


Mitrailleuses portées de 4 000 à 20 000
Fusils mitrailleurs portés de 0 à 50 000
Canons d’accompagnement « 0 à 1 000
Canons de tranchée « 0 à 2 000
Canons d’artillerie de campagne « 3 500 à 5 600
Canons d’artillerie lourde « 300 à 5 000
Chars d’assaut « 0 à 4 600
Avions » « 300 à 3 300

En outre, les camions automobiles étaient passés de 9 000 à 90 000.