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LE TROISIÈME CENTENAIRE DE MOLIÈRE
COMMENT LA COMÉDIE-FRANÇAISE L’A PRÉPARÉ

On songeait depuis longtemps, à la Comédie-Française, à célébrer le troisième centenaire de la naissance de Molière. On projetait de remonter à cette occasion deux ou trois de ses chefs-d’œuvre, avec des décors, des costumes neufs, et avec une interprétation de choix.

Mais c’est en 1916, pendant la guerre, en lisant un journal anglais, que l’idée me vint de donner plus d’ampleur à ces fêtes.

Bien entendu, il n’était pas question de Molière dans la feuille anglaise ; on parlait de Shakspeare. L’auteur de l’article regrettait que la guerre mondiale empêchât l’Angleterre de célébrer, à l’anniversaire du troisième centenaire de sa mort, le grand poète national. Sans doute, on jouerait bien, à Stratford ou à Londres, quelques-unes de ses œuvres, mais l’événement n’aurait pas le retentissement universel qu’il aurait eu en d’autres circonstances ; la formidable voix des canons couvrirait sûrement les hurrahs que les Anglais s’apprêtaient à pousser en l’honneur du dieu Will.

Menant plus avant son article, le critique se demandait ce qu’on eût pu faire en temps de paix. Il pensait que chacune des grandes compagnies dramatiques aurait réussi à monter une ou deux comédies, un drame ou deux, mais il se plaignait qu’il n’y eût pas à Londres l’équivalent d’une Comédie-Française et capable de présenter au public, dans un