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Au moment de l’exécution le grand-duc Nicolas remit son chat à un des bourreaux.

Tous regardèrent la mort avec le même courage, avec la même absolue sérénité. Le grand-duc Dimitri dit à haute voix une courte prière, en demandant au Seigneur de pardonner à ses bourreaux.

Alors commença le massacre, présidé et stimulé par ce démon de Galkine.

Chacun des soldats qui prit part au meurtre reçut une livre et demie de pain. L’un d’eux se vanta d’avoir enlevé les bottes au cadavre du grand-duc Georges.

Ainsi est mort le grand-duc Nicolas Mikhaïlovitch. Il est mort, cet homme si admirablement doué, si libéral, au cœur d’or, qui aimait si ardemment sa patrie, et, avec lui, tant d’autres sont morts, innocents comme lui, lâchement assassinés par des serviteurs de Satan qui ont corrompu et subjugué cette grande Russie orthodoxe et y ont introduit son règne.

Dors, cher maître, dors en paix ! La Russie ressuscitera ; du cauchemar de ces dernières années elle sortira épouvantée et repentante ; elle reprendra le chemin de son développement intellectuel et moral, et remettra en leur rang les œuvres dont tu l’as si richement dotée, ces belles œuvres qui portent ton nom et l’ont rendu immortel.


Général Constantin Brummer.