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général Dubourg lui a dit : « Tenez vos serments ! Autrement, vous voyez ce qu’il en adviendrait. » — Il a répondu : « La menace est inutile ! »

Le Courrier dit : « Il faut reconstituer la Pairie. » — Le peuple a montré qu’il ne voulait plus supporter le joug des prêtres et des nobles. Malheur à qui ne comprendrait pas sa volonté !


Lundi 2 août 1830.

J’ai vu Pozzo di Borgo. — Turgot. — Le Roi a licencié ses troupes. — MM. de Schonen et Odilon Barrot le reconduisent à la frontière. La révolution est accomplie. Le calme le plus merveilleux règne à Paris.

Pozzo di Borgo m’a dit : « M. de Polignac n’a jamais cessé de régner au pavillon de Marsan. Louis XVIII avait été sage et gouvernait, comme vous le vouliez, avec les deux centres, lorsqu’on lui a lâché Mme du Cayla pour le corrompre, et cela a duré depuis. »


Mardi 3.

M. de Coigny est revenu de Rambouillet dire que Charles X a fait arrêter les hommes qu’on envoyait pour le conduire à la frontière. — Là-dessus, près de trente mille Parisiens sont partis pour attaquer Rambouillet.

Dans le même moment, le Duc d’Orléans disait, à la séance d’ouverture de la Chambre, qu’il avait reçu l’abdication de Charles et de son fils Antoine, Dauphin ; l’avenir fera savoir la vérité.

C’est véritablement le peuple qui a tout fait spontanément, car personne de ceux qui ont paru ses chefs ne s’était véritablement mis en avant. Béranger a fait parler par Sébastiani au Duc d’Orléans dans la crainte qu’on ne traitât avec Charles X. On a donc fait des ouvertures au Duc d’Orléans, de peur des Bourbons et on les maintient de peur de la République.

La Destinée emporte tout à elle seule ; il n’y a pas un lutteur qui lui résiste.

Est-il écrit qu’un meurtre de Roi sera encore commis ? France glorieuse, que la Destinée ne t’y porte pas ! Résiste-lui !

Les jeunes gens se plaignent que la Chambre des Députés s’est mal conduite ; pas un membre ne s’est mis en avant.

Les ouvriers viennent demander de l’argent, le pistolet à la ceinture, dans les maisons.