Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/689

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A chacune des ruines du Rhin est attaché tout un cycle de légendes. Nous ne mépriserons pas les légendes dans l’ordre de recherches où nous sommes engagés. Une légende, c’est plus qu’un rêve, c’est une persistance qui se protège en s’enveloppant de vapeurs dignes de la faire aimer. Le légendaire du Rhin n’est pas fait des simples jeux de l’imagination effrayée ou séduite. Dans les valeurs épiques et morales qu’il contient, nous saurons discerner un produit de la réflexion populaire et les dispositions mêmes de l’esprit rhénan.

Les cathédrales du Rhin, ses églises, ses couvents, ses chapelles nous mettent en communication avec le cœur rhénan, mais mieux encore ses hôpitaux, ses orphelinats, toutes ses institutions religieuses et charitables. Car ses cathédrales sont un monument de la foi universelle ; mais ses organisations charitables témoignent d’activités toutes modernes et régionales.

Les industries du Rhin, ses campagnes cultivées, ses fermes modèles, ses bateaux, ses canaux, ses chemins de fer, ses cartels et ses syndicats, où persiste quelque chose de l’ancienne vie corporative disparue chez nous, nous renseigneront sur l’effort de travail, l’application organisée, bref la volonté des populations rhénanes.

Esprit, cœur, volonté, voilà les trois chapitres de notre cours.

Quel est le caractère exact de ces diverses manifestations imaginatives, religieuses et sociales de l’âme rhénane ? Comment se sont-elles produites et qui les a guidées ? Quels éléments sont nécessaires pour les favoriser et les diriger, pour leur donner une direction utile et une valeur pratique ? Je ne prétends pas vous apporter toutes les réponses à toutes ces grandes questions. Plusieurs d’entre elles seront plutôt posées que résolues par ma présentation.

Je suis venu à Strasbourg et dans cette maison de hautes recherches scientifiques, comme dans le milieu où je trouverais les hommes qui peuvent le mieux étudier ces problèmes vitaux et en saisir la portée éternelle… Je soumets mes préoccupations aux maîtres éminents qui me font l’honneur de m’écouter, à leurs élèves qui voudront peut-être s’y intéresser, à tous ces grands industriels de l’Alsace et de la Lorraine qui depuis longtemps déjà jouent un rôle prépondérant dans la vie économique du Rhin. J’apporte des faits et des idées, pour