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peuples qui est dans l’esprit des temps nouveaux. C’est dans ce sens que nous voulons exécuter le traité, c’est de cette manière que nous comprenons l’occupation de la rive gauche du Rhin. Nous y apportons un désir de coopération.

Cette coopération n’est possible que si nous connaissons ces populations. Et pour les connaître, je vois diverses méthodes. On peut s’adresser à l’ethnographe, au spécialiste de l’histoire d’Allemagne, au statisticien. J’aurai recours au procédé qui consiste à rechercher ce qui, dans la vie même, dans la sensibilité et l’organisation de ces populations, représente un apport ou des affinités françaises. Les expériences de nos pères et de nos grands-pères nous aideront dans notre tâche. Elles nous serviront à connaître les populations rhénanes avec tout le riche passé qu’elles contiennent et à comprendre plus profondément quels rapports nous pouvons établir avec elles. Ce Génie du Rhin que je voudrais évoquer avec vous, c’est du biais de nos expériences passées que j’entends l’aborder. N’a-t-on pas chance de mieux comprendre les activités auxquelles on a collaboré ? Et plutôt que de l’apprécier dans les périodes où nous nous détournions de lui, de plus chaudes révélations ne nous viendront-elles pas des époques où l’action quotidienne et l’intimité des entreprises communes nous le rendaient familier ?

Il ne s’agit pas de repasser par les routes antérieures cent trente ans après Marceau, un peu plus d’un siècle après les fonctionnaires de Napoléon et Mme de Staël, quatre-vingts ans après Victor Hugo, soixante ans après les touristes de Bade, quarante ans après les mélomanes et amateurs de légendes, mais de distinguer les résultats et les enseignements, en un mot, les survivances de notre activité sur le Rhin.. Si nous trouvons dans un passé récent des signes certains d’ententes fructueuses, c’est un fameux document pour nous mettre à même de répondre aux questions pressantes de l’heure : « De quelle manière pouvons-nous créer des rapports utiles avec ces populations rhénanes dont le sort a été remis entre nos mains ? Quelle notion devons-nous prendre d’elles pour connaître nos devoirs ? Quelle figure voulons-nous qu’elles aperçoivent quand l’image de la France est évoquée devant elles ? »

Par une enquête publique et volontiers contradictoire nous voulons nous rendre compte de ce qui dans ces populations, avec toutes leurs dissemblances, permettrait des collaborations,