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distribution des tracts de la Société des Nations. Tout ce monde va, vient, s’agite sous la haute direction de George White, le président du parti, un self-made man, qui, il y a trente ans, s’en fut chercher des puits de pétrole dans l’Ouest, et maintenant « vaut » vingt millions de dollars.

La campagne personnelle des candidats ne suffisant pas, il faut encore une petite armée d’orateurs bénévoles, qui iront du New-Jersey au Texas et du Wyoming à l’Alabama. Un de mes amis, M. Edmond Russell, le peintre bien connu, porte la parole pour le sénateur Harding. Des femmes de la société new-yorkaise offrent aussi leur concours à la cause qui leur est chère, et, suivant les cas, louent avec enthousiasme ou critiquent avec acharnement la Société des Nations.

Cinq partis se disputeront jusqu’au 2 novembre la magistrature suprême des États-Unis : les démocrates, dont le candidat est le gouverneur de l’État d’Ohio, James M. Cox ; les républicains, qui sont représentés par M. Warren Harding, sénateur du même État ; les socialistes, dont le candidat, Eugène Debs, purge actuellement sa peine dans la prison d’Atlanta ; le parti des fermiers et des travailleurs, avec Christensen ; et enfin les prohibitionnistes, les ennemis jurés de l’alcool, commandés par M. Watkins, le Messie de l’Amérique sèche.

En fait, les deux seuls adversaires qui comptent sont le gouverneur Cox et le sénateur Harding. Choisis par les membres des conventions de Chicago et de San Francisco, dans les conditions que la Revue a décrites[1], ils représentent les deux grands partis, et c’est entre eux que la bataille sera chaude.

Essayons d’abord d’esquisser un portrait des deux favoris de cette course à la Maison Blanche. M. Cox a cinquante ans, mais il paraît de dix ans plus jeune. Plein d’activité, orateur infatigable, il se dépense depuis deux mois et voyage sans cesse à travers les États de l’Union. M. Harding est plus âgé et aussi plus calme dans ses manifestations. Il préfère haranguer la foule du haut de son balcon, faire des front porch speeches, comme on dit ici, plutôt que d’aller prêcher les cowboys du Colorado ou les mineurs de Californie. M. Cox est progressiste et radical. M. Harding aime mieux ne rien changer à l’ordre des choses, ce qui lui vaut de certains adversaires l’épithète de réactionnaire.

  1. Voir, dans la Revue du 1er septembre, Les « Conventions » américaines (juin-juillet 1920, par M. Georges Lechartier.