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fameuse loi Delbruck. L’organisation officielle allemande serait peut-être ébréchée, mais l’organisation occulte n’en prendrait que plus de force. Le coup de balai, si l’on se décidait à le donner, devait être général et si les Alliés avaient fait venir une escadre en Grèce, c’était précisément parce que les procédés des Grecs étaient impuissants à nous donner satisfaction. En conséquence, il était urgent d’agir, en dépit des objections ministérielles. Si l’on voulait frapper les esprits, il fallait que trente ou quarante Grecs, les plus compromis, fussent invités à quitter immédiatement la Grèce avec interdiction de séjour dans les pays alliés. Il y aurait lieu d’opérer de la même manière en province et d’arrêter immédiatement quatre ou cinq subalternes pour servir d’exemple. Les demandes des Alliés formulées sous une forme impérative, n’admettant ni discussion ni délai, signifiaient qu’ils entendaient que le but militaire primât l’emploi des formes diplomatiques si souvent violées dans le pays.

Ce qui frappe dans cette négociation qui semble n’avoir duré officiellement que quelques heures, c’est sa rapidité. Nous la voyons s’engager le 2 septembre par la remise à Zaïmis de la note des Alliés et se terminer le lendemain par la réponse écrite de ce ministre, ce qui laisse supposer que sa résistance avait été de courte durée ou que la conférence finale avait été précédée de conversations officieuses antérieures à la note elle-même. La réponse ministérielle était ainsi conçue :

« Le soussigné, Président du Conseil, Ministre des Affaires Etrangères, a pris connaissance de la Note que Leurs Excellences, les ministres de France et de Grande-Bretagne, lui ont adressée, d’ordre de leurs gouvernements, le 20/2 de ce mois et par laquelle ils portent à la connaissance du gouvernement hellénique que :

« 1° Les deux gouvernements alliés, sachant de source certaine que leurs ennemis sont renseignés de diverses façons et notamment par les télégraphes helléniques, réclament le contrôle des postes et télégraphes avec et sans fil ;

« 2° les agents ennemis de corruption et d’espionnage devront quitter immédiatement la Grèce et ne plus y rentrer jusqu’à la fin des hostilités ;

« 3° Les sanctions nécessaires seront prises contre les sujets helléniques qui se seraient rendus complices des faits de corruption et d’espionnage visés plus haut.