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Parmi les bruits qui se répandaient, il en est un qui menaçait directement le Prince Demidoff. Il allait partir pour Salonique avec sa femme par voie de terre, lorsque Politis était venu le supplier de renoncer à son voyage. Partir, c’était s’exposer à être arrêté par des uhlans dont la présence était signalée dans les contrées qu’il devait traverser.

D’autre part, un député français, M. Garat, membre de la Commission de la Marine, qui se trouvait alors en Grèce, télégraphiait, à Paris, à l’un de ses collègues :

« A Athènes, depuis un mois, j’ai le devoir de vous signaler une situation grave créée par avance germano-bulgare en Macédoine, actuellement à 60 kilomètres de Larissa qu’elle atteindra dans peu de jours.

« Cette invasion inattendue entraine, comme conséquences immédiates : encerclement du côté terre de notre armée, mainmise de l’Allemagne sur la Grèce avec complicité manifeste du Roi et de l’Etat-major, rétablissement de la ligne Berlin-Athènes, accaparement par nos ennemis des récoltes de Thessalie, des denrées, huiles, graisses, vivres de tout le territoire grec expédiés par convois, au point de provoquer une hausse des prix, possibilités d’installations de bases navales qui aideront le ravitaillement des sous-marins et risquent de compromettre nos communications par mer.

« De sources diverses et sures, j’apprends plan des Germano-Bulgares concerté avec État-major grec d’arriver jusqu’à Athènes pour achever conquête morale et économique de ce pays, ruiner influence des Alliés. Cette éventualité menaçante destinée à avoir contre-coup considérable en Orient comme dans le monde entier, ne rencontrera aucun obstacle, mais au contraire des encouragements de nos adversaires ; elle est dénoncée depuis quelques jours par tous nos agents et nos amis en Grèce.

« Je vous supplie d’intervenir avec maximum d’énergie auprès du Gouvernement qui subit trop l’influence de nos alliés défavorables à politique d’action et auprès de Commission des Affaires extérieures pour obtenir : Débarquement au Pirée de forces militaires et maintien de forces navales, seul moyen d’arrêter tentatives trop certaines. »

Cependant, si d’une part les documents saisis par le service des renseignements révélaient les intentions les plus agressives, d’autre part apparaissait lotit à coup la preuve que les nouvelles