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C’est le 6 août que ce langage si précis, si clair, si lumineux était tenu au gouvernement de la République par son représentant en Grèce. À ce même moment, le roi Constantin allait se rendre coupable d’une trahison envers l’Entente et d’un crime pire encore envers ses sujets.

A la mi-août, le Cabinet hellénique recevait à l’improviste la nouvelle de l’avance des Germano-Bulgares sur Cavalla. C’était le renouvellement de ce qu’on avait vu se produire au mois de mai précédent, lors de l’occupation du fort de Rupel. À cette époque, Skouloudis, — qui était encore président du Conseil, — avait prétendu que l’apparition des Bulgares était tout à fait inattendue et que la Grèce neutre ne pouvait moins faire que de leur livrer le fort. Mais les ordres donnés dès le 9 mars par le ministre de la Guerre aux commandants des 3e et 4e corps d’armée des places de Salonique et de Cavalla, et de la gendarmerie de Macédoine, indigent à cette affirmation le démenti le plus formel.

À cette date, ce ministre écrit :

« En cas d’invasion d’armées ennemies, nous ordonnons aux troupes de couverture d’évacuer les forts et de se replier sur l’emplacement de leur régiment, en emmenant avec elles leur matériel. » Il indique en même temps l’itinéraire que suivra probablement l’invasion, cette invasion à laquelle, dit-il, il ne s’attendait pas. Il ajoute : « A la question relative à l’attitude à observer si les Bulgares ne sont pas accompagnés par les Allemands, je réponds que la chose est impossible ; mais si le cas se produit, éviter tout engagement et demander des ordres. »

Le 27 avril/10 mai, l’événement se produit : « Si les Allemands ou les Bulgares insistent pour pénétrer, — pour des raisons d’ordre défensif, — sur notre territoire, retirez-vous. Agissez avec les Bulgares d’une manière amicale. » Le 13/26 mai, ces ordres sont confirmés, et, après que la garnison du fort, dont le patriotisme s’étonne d’être obligé de s’y soumettre, a tiré déjà quelques coups de canon, elle est obligée de cesser toute résistance.

Veut-on une autre preuve des accords antérieurs ? La voici, et celle-là est décisive : « Déclarez aux Germano-Bulgares que la gare de Sidaro Kastron n’est pas comprise dans les accords avec les gouvernements allemand et bulgare. Qu’ils attendent donc le résultat des négociations. » Le procès-verbal dressé le 14/27 mai, après la reddition du fort, n’est pas moins