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Collège de France n’a pas d’influence, ni de vrai public. Nous ne traitons pas encore les sciences de l’homme moral comme elles devraient l’être, avec le détail, la spécialité, l’amour des faits, du technique, qui sont nécessaires ici aussi bien qu’à la Faculté de médecine ou à l’École polytechnique. Mais aurait-on des élèves ?


De Leipzig à Dresde

Grande plaine fertile, vaste et blonde, mais assez ennuyeuse. Aux approches de Dresde, collines à gauche avec vignobles, aux sommets, maisons de campagne ; ce sont les habitations d’été de la bourgeoisie de Dresde. Jolies cultures, et, dans les endroits sablonneux, sapins.

Mon voisin est un Anglais établi en Espagne et qui a vécu longtemps en Allemagne, à Dresde et Berlin surtout. Il me donne beaucoup de détails. Le Roi est très instruit, très bon, très aimé, quoique catholique parmi des protestants. Avant Sadowa, peu d’impôts ; parfois le gouvernement annonçait qu’il remettait au public les impôts d’un semestre. L’État suffisait aux dépenses publiques, avec le produit des chemins de l’or dont il est propriétaire, et des forêts qu’il entretient avec intelligence et soin, achetant même les bois à vendre et reboisant pour entretenir la fertilité du pays. Maintenant, les impôts sont triplés, il faut payer pour l’État particulier et pour la Confédération.

Partout ici, comme dans la Prusse occidentale, les paysans sont propriétaires et aisés. (Il n’en est pas de même dans le Mecklembourg et la Prusse orientale). Les fermes restent stables, ne se divisent pas. Si le père meurt intestat, minorat pour le plus jeune fils.

L’armée ici, et encore plus en Prusse, est une classe à part, uniquement recrutée (sauf pour l’artillerie) dans la noblesse. Les bourgeois ne se présentent pas aux examens, ils savent que l’avancement leur est fermé ; les nobles ont des oncles généraux, ils seraient seuls à avancer. Pas d’avancement, sauf en guerre et rare, pour les soldats ; ils ne fournissent pas [de droit la moitié des officiers comme en France (Saint-Cyr l’autre moitié), ils deviennent sergents, parfois pour une action d’éclat lieutenant, mais ne dépassent jamais le grade de capitaine. Examens presque nuls pour les nobles qui entrent dans la cavalerie. Le titre fait presque tout. Aussi la carrière militaire n’appartient qu’aux