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maintenant au comble : c’est un moment nécessaire dans la vie d’un peuple. S’il y a de l’excès maintenant, cela passera. — Autre raison : un Allemand, même bon et doux, quand il a la plume à la main, s’infatue de son idée ; il a sa Weltanschauung[1] propre et particulière, il est intraitable, exclusif, et combat de toutes ses forces les idées contraires. Cela est si vrai qu’il est dur et impoli pour les autres Allemands, pour ses confrères. Nulle part le particularisme n’est aussi fort qu’en Allemagne ; il va jusqu’à l’individualisme absolu ; chacun est soi, et refuse d’être un autre ; il a ses principes et son système à part. Prenez vingt Allemands, dit un proverbe, vous aurez vingt et une opinions. Selon M. G… nulle part il n’y a de différences de style aussi marquées qu’entre les écrivains allemands, par exemple entre Goethe et Schelling, entre Jean-Paul et Schiller.

Sur l’administration prussienne. Bismarck est un très grand homme ; mais les froissements sont très durs, les Prussiens sont délestés en Hanovre, à Francfort, à Mayence. La volonté d’en haut, transmise par des bureaucrates qui se croient infaillibles, arrive en bas avec une raideur de fer et s’applique sans ménagements. L’employé prussien gouverne en homme de caserne, à la baguette, pédantesquement et d’un ton absolu. Ce qui rend le ton plus dur, c’est que tous les sous-officiers, une fois retraités, ont droit à de petites places dans le service civil, et ils apportent dans leurs rapports avec les populations les façons âpres, dogmatiques, tranchantes, de la discipline militaire.

Sur les lois civiles en Saxe et dans l’Allemagne du centre. — Pas encore de code civil général. On s’en occupe ; on a déjà fait un code uniforme pour les peines, le droit commercial et la procédure. Actuellement, rien d’uniforme pour le droit civil ; ici, le fond est une coutume qu’on consulte d’abord ; au-dessous, l’ancien droit saxon : puis, dans les cas les plus difficiles, le droit romain. — Divorce. Mais, pour se remarier, il faut l’assentiment du prince. — Fidéicommis et droit d’aînesse pour quelques grandes familles anciennes. On peut encore en constituer, mais il faut l’assentiment du prince. D’ordinaire, partage égal. Dans un assez grand nombre de terres, par l’effet d’une vieille coutume slave, minorats au lieu de majorats ; le fils cadet hérite

  1. Conception du monde.