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suffit pas pour se défendre contre le mensonge. Un seul journal, le petit Echo du Rhin, lutte vaillamment contre ce concertée calomnies et de sottises. Que peut-il, contre la coalition de feuilles et de gouvernements encore puissants et riches ? Il y a cependant en ce pays des bonnes volontés qu’on pourrait grouper pour constituer un organe allemand de défense rhénane. Les milliards d’Hugo Stinnes sont impressionnants : tout de même, il y en a d’autres.


30 mai.

Les Français reprennent l’offensive contre les Prussiens ! Depuis janvier, en vérité, ceux-ci, dans leurs lois comme dans leur presse, jouaient vraiment trop aux maîtres. Notre patience les trompait, et ils oubliaient qu’il y a quelque chose de changé aussi bien sur le Rhin que dans le monde depuis le 11 novembre 1918. C’est partout maintenant une reprise vigoureuse et joyeuse de l’effort français : administrateurs, commerçants, professeurs, artistes, tout le monde donne : il semble que, devant les provocations des feuilles pangermanistes, tous aient compris la nécessité d’une action énergique pour préserver l’influence de leur pays en Rhénanie.

Voici que, dans toutes les villes occupées, commerçants français et belges se sont groupés en unions de défense. Ils viennent de faire placarder sur les murs une belle affiche blanche, dont le texte énergique réclame l’annulation de toutes les mesures arbitraires prises depuis janvier par le Reich contre le commerce franco-belge. Justement et ingénieusement, ils soulignent combien les Rhénans se trouvent lésés par elles ; et, pour conclure, ils réclament, au cas d’un refus de Berlin, l’application de l’article 270 du traité de paix qui permet d’accorder à la Rhénanie un régime douanier spécial. Je n’entends qu’éloges de ce ferme langage, et j’ai vu nombre de négociants rhénans placer l’affiche à la porte de leur maison.

Mais voici qui est encore mieux. De grands négociants français ont récemment organisé, avec le concours de puissantes firmes rhénanes une Union des intérêts franco-rhénans. Ce sont tous hommes, entreprenants et sans faiblesse, dont la volonté est de rétablir entre le Rhin et la France ce grand courant d’affaires que le passé a connu et que les routes commandent.

Enfin, à Mayence, le Cercle français, constitué fort