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construction des navires qui portent des pièces de 406 millimètres. Si nous passons maintenant aux croiseurs de bataille, nous nous apercevons que la France n’en possède pas un seul. Elle n’a pas davantage de croiseurs rapides. Les seuls croiseurs en service ne sont pas des navires de combat. Le Ministre de la Marine a déclaré, dans son discours à la Chambre, que nous n’avions pas un seul croiseur léger, pas un seul conducteur d’escadrille, pas un seul torpilleur-éclaireur, qui sont en réalité les contre-torpilleurs de l’heure présente. — Nous reproduisons les propres termes du discours de M. Landry. — Que reste-t-il donc à la Marine à nous offrir comme navires de combat, en dehors des sept cuirassés dont nous parlions plus haut ? Une force navale défensive : flottilles sous-marines, aéronautique et défense des côtes. Pas davantage. Prenons encore une phrase du discours de M. Landry. « Nous n’avons, a-t-il dit, qu’un « petit nombre de sous-marins, tout au moins en bon état et pouvant rendre de sérieux services. La puissance sous-marine de la France a diminué pendant la guerre. » Si l’on excepte les 10 sous-marins allemands, nous n’avons que 14 unités sous-marines qui soient susceptibles d’un bon service, 3 Bellone, 3 Atalante, 2 Joessel, 1 Néréide, 1 Daphné, et 4 Lagrange. Encore ces navires sont-ils signalés comme ayant des vices assez graves. Quant à l’aéronautique maritime et à la défense des côtes, elles sont loin de répondre aux besoins du moment ; la défense des côtes, notamment, qui vient déchoir à la Marine, reste à organiser.

Il serait dérisoire de comparer notre flotte à celles de la Grande-Bretagne et des États-Unis. La première comprend 10 cuirassés armés de pièces de 343 mm. et 6 croiseurs de bataille qui, tous, sont ou plus puissants, ou plus rapides que nos unités cuirassées. Quant aux États-Unis, quand ils auront achevé leur programme, ils posséderont 10 cuirassés armés de pièces de 406 mm. 11 armés de pièces de 356 mm. et 7 croiseurs de bataille armés de pièces de 406 mm. Mais, sans parler des puissances navales de premier rang, la situation du Japon est supérieure à la nôtre, avec 4 cuirassés et 4 croiseurs de bataille armés de pièces de 356 mm. L’Italie nous suit de très près avec 5 cuirassés modernes. Si l’on résume la puissance des flottes alliées dans Io tableau comparatif des bordées d’artillerie principale, on obtient pour les navires actuellement en service : 187 tonnes pour l’Angleterre, 102 pour les États-Unis,