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LES VILLES D’OR

IV [1]
LES SENTINELLES DU DÉSERT

Camps retranchés, fortins, châteaux-forts, villas fortifiées, cités, municipes ou colonies, tous ces avant-postes de la civilisation latine en Afrique semblent monter la garde sur la lisière des régions sahariennes.

Manifestement, Rome a voulu opposer aux envahisseurs nomades, aux pirates du désert, des masses compactes de populations sédentaires et civilisées, profondément différentes du Barbare, par leur culture et leur genre de vie, et aussi bien armées que possible pour lui résister. Il en est ainsi à toutes les époques, dans tous les pays où des races très opposées de caractère, irréductibles les unes aux autres, sont affrontées en un perpétuel état d’alerte et d’hostilité. En Lorraine, le long de l’ancienne frontière, les Allemands avaient massé, en couches épaisses, des immigrants venus de la plus lointaine et de la plus germaine Germanie. Dans l’Afrique ancienne, les colons de Théveste ou de Thimgad, établis à deux pas des régions désertiques, — vétérans, pour la plupart, des armées impériales, — ces braves gens étaient souvent plus Romains que l’Empereur lui-même.

Tout le prouve : le plan et la décoration de leurs villes, les témoignages de loyalisme sans cesse répétés par leurs inscriptions, les innombrables statues, les temples consacrés aux Césars et à leur divinité. La Tunisie centrale et occidentale

  1. Voyez la Revue des 15 août, 1er septembre et 1er octobre.