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LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

TOLSTOÏ PEINT PAR GORKI


MAXIME GORKI : Réminiscences of Léo Nicolayevitch Tolstoï[1]


Ce petit livre, — écrit Gorki, — se compose de notes rédigées en Crimée, lorsque je vivais à Oleise et Tolstoï à Gaspra, au temps de sa grande maladie et de sa convalescence… J’y ajoute une lettre que j’avais commencée à la nouvelle de son « évasion » et de sa mort. Je n’y change pas un seul mot. Et je la laisse inachevée, car de toute façon il m’est impossible de la finir.


Ces lignes servent de préface à une mince brochure précieusement imprimée que le poète des vagabonds, devenu l’un des personnages de la République des Soviets, chargé de l’éducation des masses, inspecteur des monuments historiques de Pétrograde et éditeur d’une collection populaire des classiques russes, vient de faire traduire et publier en Angleterre. Les notes de Crimée datent de 1901. Tolstoï avait soixante-douze ans. L’illustre vieillard, excommunié pour le scandale de Résurrection, relevait d’une maladie grave ; il avait dû se laisser conduire pour sa santé dans le midi de la Russie, sur cette Côte d’Azur des environs de Sébastopol, dans la belle villa de la comtesse Panine. Gorki, à trente-deux ans, était dans tout l’éclat de sa jeune et soudaine renommée[2]. Les deux hommes s’étaient rencontrés depuis un an soit à Moscou, soit dans la terre de Tolstoï à Yasnaïa Poliana. Ils ne devaient plus se revoir. Bientôt après, Gorki se retirait

  1. 1 vol. petit in-8 de 72 p. Hogarth Press, Richmond, Surrey, 1920.
  2. Voyez, dans la Revue du 1er août 1901, Maxime Gorky, l’Œuvre et l’homme, par le vicomte Eugène-Melchior de Vogüé.