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pourrait lui attribuer. De fait, ceux même qui l’attaquent ne lui en ont jamais attribué un autre.

D’ailleurs, il ressort des circonstances où il fut conçu et rédigé que ses promoteurs l’ont ainsi entendu.

Certains catholiques, justement indignés contre une séparation que nous ne saurions admettre en principe et, surtout, de la manière violente et inique dont elle s’était accomplie, n’ont pas assez remarqué, ou ne se souviennent plus, que le vote de l’article IV fut, — s’il nous est permis de nous exprimer ainsi, — un épisode libéral et comme un triomphe des catholiques et de leurs alliés au cours d’une campagne inspirée et menée par des sectaires. Cet article IV ne fut pas présenté sous l’inspiration de M. Combes, dont le déclin présageait déjà la chute, mais sous l’inspiration ou tout au moins avec l’assentiment de M. Briand, rapporteur de la loi. Or, quels que soient les torts de M. Briand et les graves reproches qu’il a mérités dans cette campagne, ce serait pour les catholiques une injustice et un manque de discernement de le confondre avec M. Combes, à une heure où, après avoir trop longtemps pactisé avec lui, il s’en séparait et s’efforçait, par des déclarations publiques qui ne manquaient pas de courage, de donner à la loi de séparation un sens plus libéral, plusieurs disaient même orthodoxe, contre lequel protestaient violemment les sectaires de gauche.

La vérité (et nous en avons les preuves) est que l’article IV fut rédigé dans une réunion où se trouvaient des catholiques à qui un membre du Gouvernement avait demandé de lui suggérer une formule qui, à leur jugement, sauvegardait leur hiérarchie. Pourquoi n’avoir pas accepté, dans cet article, de nommer l’évêque en réservant explicitement ses droits ? Telles furent d’abord la pensée et le désir exprimés par ces catholiques. Il leur fut répondu que la formule devant s’appliquer à tous les cultes, il n’était pas possible d’y nommer expressément l’évêque ni d’obtenir, dans ces conditions, une majorité quelconque dans une Chambre où l’unanimité morale, même parmi les modérés, avait la phobie de tout ce qui pouvait être l’ombre même d’une religion d’État, et entendait maintenir le principe de la Séparation et de l’égalité de tous les cultes devant la loi. Cette réponse fut jugée tout au moins plausible et, entre les catholiques qui acceptèrent l’article IV, se trouvait un prêtre, curé et vicaire général de Paris, que nous pourrions nommer.