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s’en aller. Bientôt, cependant, un obus tombe sur la cuisine de la forme, et l’écrase en tuant un caporal belge qui s’y trouve encore, puis un autre tombe sur l’écurie à laquelle il met le feu en tuant tous nos chevaux. L’incendie se propage rapidement, et j’obtiens alors l’évacuation de l’abri, mais partielle seulement.

J’évacue moi-même avec la plupart de mes officiers, mais à pied, car mon automobile, garé le long d’un mur assez élevé, se trouve bloqué et avarié par l’écroulement du mur. Malheureusement, nous ne savons où aller, car il n’y a plus rien de disponible dans le voisinage. Comme nous quittons le secteur le soir même, je gagne la ferme Rabelaar où se trouvent nos services administratifs qui me donnent l’hospitalité pour la journée. Dans l’après-midi, on réussit à dégager une partie de nos bagages des ruines de mon Quartier Général d’Oude-Cappelle complètement détruit. Le clocher a été abattu, ce qui a mis fin au bombardement.

Nous apprenons que nous ne faisons déjà plus partie du 32e corps, mais sans savoir à quelle formation nous sommes rattachés. A 16 heures 30, heure à laquelle le mouvement de relève commence, je ne sais toujours pas où diriger ma brigade. A force de téléphoner, un état-major m’indique cependant Lampernisse où j’envoie voir quels sont les locaux disponibles. Mais Lampernisse est déjà rempli par un état-major de division belge et trois bataillons auxquels il est impossible d’ajouter une seule compagnie. Entre temps, la nuit tombe, la pluie aussi, délayant une boue déjà très abondante. Il faut immédiatement une solution, et je décide que ma brigade se rendra à Hoogstade. J’envoie des officiers à tous les carrefours de routes importants, pour donner des ordres aux colonnes, tandis que d’autres partent pour Hoogstade, afin d’y préparer les cantonnements. Le 1er régiment fait son mouvement par le Nord, via Forthen-Alveringhen, et le 2e par le Sud, via Loo-Pollinchove. Cette marche de 16 à 17 kilomètres est pénible pour les troupes, en raison de la pluie, de la boue, et de la nuit qui est très sombre. A Hoogstade, la situation se complique. Ce village contient déjà de la cavalerie française, et ce n’est qu’à 3 heures du matin que nos divers bataillons réussissent à s’entasser dans des cantonnements provisoires où ils se trouvent enfin à l’abri de la pluie. En résumé, relève très pénible, comme toutes les relèves, d’ailleurs. Je ne m’explique pas que des opérations qui ont une si