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ville, occupe aussitôt le plus de maisons ou de ruines qu’il peut, et prend à revers la position du Sud, en même temps qu’il coupe la retraite aux troupes des tranchées du Nord. Ce succès rapide est une conséquence directe de la forme circulaire si désavantageuse de notre front.

Il ne semble pas que la colonne allemande de l’Est ait subi des pertes sérieuses au cours de son attaque, mais celle du Sud subit le feu de nos mitrailleuses du cimetière qui lui fauchent des sections entières. La marche de cette colonne n’a d’ailleurs pas échappé à nos troupes de l’Yser Sud qui ont ouvert le feu sur elle, mais la batterie de 75 dont dispose cette partie du front n’a pas le temps d’intervenir. Au moment de l’assaut, cette batterie est occupée à démolir des mitrailleuses fort gênantes à l’angle Nord du parc du château de Woumen, et la colonne allemande s’écoule avant qu’elle ait pu changer d’objectif.

Au début de l’attaque, le commandant Mauros et son adjoint le commandant Brochot (des Sénégalais) sont dans leur P. C, petit réduit creusé dans un mamelon de terre en avant du passage à niveau de la gare de Dixmude, route d’Eessen. Les deux officiers montent immédiatement sur le mamelon pour juger la situation, mais le commandant Brochot est tué aussitôt, et le commandant Mauros constate bien vite qu’il n’a plus autre chose à faire que barrer le passage à niveau avec la section de marins qu’il a sous la main.

Ce barrage est établi sur l’heure, mais il est détruit non moins rapidement, et le commandant Mauros est obligé de se replier, en ralliant les troupes qu’il peut saisir, non par les rues, qui sont intenables, mais de maison en maison, et en recevant des coups de partout. Il arrive ainsi jusqu’au pont-route où il fait établir un autre barrage par une compagnie de marins qui lui a été envoyée en renfort par le commandant Delage. Entre temps, les troupes qui ont pu se dégager de nos tranchées du Sud prises à revers, s’écoulent vers l’Yser par la voie ferrée, mais non sans pertes, car la voie est battue sur les deux talus, et prise d’enfilade.

Par la brèche de la route d’Eessen, les Allemands font tomber, en les prenant à revers, les tranchées creusées entre cette route, la voie ferrée de Zarren, et le canal d’Handzaeme dont ils occupent la rive gauche. Ils prennent ainsi d’enfilade, ou à revers, nos tranchées du Nord, à cheval sur la route de