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venaient se ranger sous les drapeaux du général Haller. Dans ces bureaux laborieux et modestes, j’ai vraiment senti battre le cœur de la Pologne…

Le ministère des Affaires étrangères est installé provisoirement rue Miodowa, presque en face de l’Archevêché catholique, dans cette Ecole des Cadets, que l’histoire sanglante des insurrections varsoviennes a rendue célèbre. L’hôtel est vaste et bien ordonné, mais l’installation est sommaire : on croit se trouver beaucoup moins dans des locaux administratifs que dans les bureaux d’un Quartier Général en campagne. Cloisons provisoires, escaliers de fortune ; nul huissier solennel, nulle livrée impressionnante, mais de petits messagers qui, des papiers sous le bras, filent par les couloirs de toute la vitesse silencieuse de leurs pieds nus. Les fonctionnaires sont d’origine diverse : Polonais du Royaume et Galiciens employés naguère au service diplomatique de la Russie ou de l’Autriche, Posnaniens qualifiés par leurs relations étendues et leur expérience de l’étranger. A côté de diplomates de métier, on trouve des professeurs, comme le sous-secrétaire d’état Dombrowski, et des grands seigneurs comme le prince Sapieha.

J’ai trouvé au ministère des Affaires étrangères des sentiments moins intransigeants à l’égard des Tchèques que ceux qui m’étaient apparus à Cracovie, mais une égale préoccupation d’assurer à la Pologne des points d’appui immédiats et des collaborations voisines. L’idée de faire jouer à leur gouvernement le rôle d’intermédiaire entre la Hongrie et la Roumanie avait certainement séduit quelques diplomates polonais. Les accords récemment intervenus entre Prague et Bucarest les auront amenés à modifier leurs projets. Il nous appartient, me semble-t-il, d’assister et de guider la Pologne dans l’opération délicate qui consiste à se choisir des amis.


LA POLITIQUE INTÉRIEURE : LES PARTIS

J’ai dit que la volonté de demeurer fidèles à l’Entente, et surtout à la France, est unanime parmi les Polonais. Mais il peut y avoir, sur la manière de pratiquer cette fidélité, des divergences d’opinion. L’interprétation que les nationaux-démocrates ont donnée à Varsovie du programme politique des Alliés ne devait pas être acceptée sans discussion par les autres