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visibles, et fut l’origine du premier catalogue stellaire. Tel est du moins le récit de Pline, et, ne fût-ce qu’à cet égard, les Novæ ont donc été d’une grande utilité pour la science.

Il semble que le moyen âge ait observé deux ou trois fois des Novæ. Mais c’est la célèbre étoile nouvelle observée par Tycho-Brahé en 1572 qui fournit la première observation systématique, détaillée et précise d’un astre de ce genre. Voici d’ailleurs, d’après Humboldt, les passages les plus caractéristiques de la relation de Tycho au sujet de la Pèlerine (c’est ainsi qu’on appela cette étoile). Ils sont dignes d’être rapportés, car ils montrent avec quelle précision le célèbre astronome danois faisait ses observations photométriques, et nous font d’une manière claire le récit des vicissitudes habituelles de toutes les Novæ :

« Lorsqu’en 1572 je quittai l’Allemagne pour retourner dans les îles danoises, je m’arrêtai dans l’ancien cloître admirablement situé d’Herritzwaldt, appartenant à mon oncle Sténon Bill, et je pris l’habitude de rester dans mon laboratoire de chimie jusqu’à la nuit tombante.

« Un soir, le 11 novembre 1572, que je considérais comme à l’ordinaire la voûte céleste dont l’aspect m’est si familier, je vis avec un étonnement indicible, près du zénith, dans Cassiopée, une étoile radieuse d’une grandeur extraordinaire. Frappé de surprise, je ne savais si j’en devais croire mes yeux. Pour me convaincre qu’il n’y avait point d’illusion et pour recueillir le témoignage d’autres personnes, je fis sortir les ouvriers occupés dans mon laboratoire et je leur demandai, ainsi qu’à tous les passants, s’ils voyaient comme moi l’étoile qui venait d’apparaître tout à coup. J’appris plus tard qu’en Allemagne des voituriers et autres gens du peuple avaient prévenu les astronomes d’une grande apparition dans le ciel, ce qui a fourni l’occasion de renouveler les railleries accoutumées contre les hommes de science.

« L’étoile nouvelle était dépourvue de queue ; aucune nébulosité ne l’entourait[1]. Elle ressemblait de tous points aux autres étoiles ; seulement elle scintillait encore plus que les étoiles de première grandeur. Son éclat surpassait celui de Sirius, de la Lyre et de Jupiter ; on ne pouvait le comparer qu’à celui de Vénus quand elle est vue le plus près possible de la terre. Des personnes pourvues d’une bonne vue, pouvaient distinguer cette étoile pendant le jour,

  1. Par là Tycho veut expliquer qu’elle n’a rien d’une comète ou de tout autre astre analogue.