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travaux profonds, il n’a pas été inondé par eux et, n’ayant pas été lui-même crevé ; il se présente comme une simple cuve étanche de 146 mètres de profondeur, il est vrai remplie d’eau, mais facile à vider. Quand on l’aura asséché, on y terminera le fonçage en cours, ce qui représente un approfondissement de 40 mètres ; puis on percera les galeries horizontales par lesquelles on devait atteindre les couches de charbon et l’on aura ainsi la satisfaction de voir extraire du charbon à Lens. Là, comme partout, nous entrons enfin dans la phase où notre reconstitution minière se traduira par des résultats croissants. Mais les chiffres de production resteront bien minimes jusqu’à la fin de 1921. La mine de Lens avait célébré autrefois deux fêtes, l’une pour ses 3 millions de tonnes annuelles, l’autre pour ses 4 millions. Avant de pouvoir renouveler la première, il faudra attendre 1925 et, sans doute, 1930 pour la seconde.

Ainsi, le jour où, à force de travail et d’argent, nous aurons à peu près réparé le mal scientifiquement commis, notre extraction houillère du Pas-de-Calais et du Nord sera restée pendant plus de quinze ans inférieure aux chiffres anciens, alors qu’en régime normal, la courbe de la production s’élevait d’année en année. Devant une telle constatation, il faut reconnaître que les Allemands ont, malgré leurs mécomptes, atteint le but auquel ils visaient et qu’à défaut de compensations prévues, mais peu réalisées, notre industrie tout entière a été mise ; vis à vis de nos voisins, ennemis ou alliés, dans un état d’infériorité, qui n’aurait pas semblé devoir être le prix de nos sacrifices, ni le résultat de notre victoire.


L. DE LAUNAY.