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(son cuvelage) et ce tube traverse successivement la craie aquifère, les dièves argileuses, enfin le terrain houiller, sans établir aucune communication des uns aux autres. Mais qu’un accident ou une explosion criminelle vienne à crever le cuvelage au niveau de la craie, par cette brèche du cuvelage l’eau se précipite dans le puits et, rencontrant à la base de celui-ci les travaux de mine, elle s’y précipite ; elle les envahit à partir de la base en remontant peu à peu jusqu’au jour. Or, les travaux de mines représentent un énorme vide souterrain, un vide que l’on peut estimer au tiers de tout le charbon extrait depuis l’origine, les deux autres tiers ayant été comblés par les affaissements. Si l’on fait le calcul assez simple, on voit que, dans la seule concession de Lens, il doit exister 17 500 000 mètres cubes d’eau à extraire au-dessus du niveau de 220 mètres de profondeur, qui est un premier grand niveau d’exploitation ; puis encore 9 450 000 jusqu’au niveau de 330, où l’exploitation était également importante, sans parler des quantités analogues qui existent au-dessous jusqu’à la profondeur extrême de 700 mètres atteinte dans un des puits.

Tels sont les chiffres colossaux qu’il s’agira un jour de pomper. Mais on se tromperait gravement si l’on imaginait qu’il suffit de placer immédiatement des pompes sur les puits de mine et de les mettre en marche. En opérant ainsi, on obtiendrait un résultat qui rappellerait trop celui des Danaïdes, inversé. A mesure que l’on viderait l’eau du puits, il en arriverait d’autre par le réseau des fissures qui parcourt la craie sur des dizaines, des centaines de kilomètres. Aucune pompe, si puissante qu’on la suppose, ne suffirait à un tel travail. Pour aboutir, il faut donc commencer par remettre les puits dans l’état où ils étaient avant la guerre, par reconstituer leur cuvelage crevé et, comme ce travail ne peut se faire sous l’eau, il faut tout d’abord créer artificiellement, autour de chaque puits crevé, sur les 100 mètres de hauteur de la craie, un cercle étanche, à l’intérieur duquel on pompera plus tard quand les communications avec la craie auront été ainsi fermées. Le principe de la méthode consiste dans les opérations suivantes : 1° confection de ce tube étanche au moyen du très curieux procédé que l’on nomme le cimentage ; 2° dénoyage ; 3° réparation des cuvelages ; 4° réparation de la mine. Quoiqu’il s’agisse là d’une question technique, elle est aujourd’hui d’une telle importance