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Les sommes ainsi touchées ne sont naturellement que des avances imputées sur les indemnités à recevoir un jour pour les dommages de guerre ; et, malgré la mentalité spéciale à laquelle ont dû se conformer nos industriels avec des budgets dont tous les chapitres, en recettes comme en dépenses, ne sont plus pour eux qu’un vaste inconnu, nos mineurs seraient pourtant bien aises de commencer, près de deux ans après l’armistice, à recevoir quelque indication, sinon sur les sommes à espérer, du moins sur le mode de calcul à adopter. Faute de quoi, ils restent souvent dans la situation d’un sinistré qui n’ose rien remuer, attendant toujours les constats après un incendie. Actuellement, on en est à peine à constater les dommages. Ce sont des accumulations de paperasses dont on se fera une idée si je dis que, pour une seule de nos concessions, ils rempliraient déjà de fond en comble une vaste pièce sur une vingtaine de mètres cubes. Après quoi, il faudra encore adapter aux dégâts une série de prix ; et ces prix, en attendant, augmentent de jour en jour. Pour sortir de telles difficultés, on semble en principe s’être mis d’accord sur la méthode suivante. La Compagnie minière ouvre un compte de réfection pour les fosses détruites, où elle inscrit ses dépenses effectives. Puis, à partir du moment où on commence à extraire un peu de charbon, les recettes réelles sont déduites de ces dépenses, après prélèvement d’une certaine somme pour les frais généraux. La différence pourra être considérée comme représentant la réparation effective du dommage.

Mais ce qui est relativement simple quand la destruction a été complète, devient plus compliqué quand on peut, dans une certaine mesure, utiliser des parties subsistantes, murs ou matériaux. Tout raser pour reconstruire à neuf, c’est, dans ce cas, augmenter les frais ; réparer tant bien que mal, c’est accepter une dépréciation difficile à calculer et se mettre dans un état d’infériorité notable vis à vis des mines qui ont été forcées de se réorganiser entièrement à la dernière mode. Il est impossible de ne pas faire au moins allusion aux problèmes de conscience qui se posent alors. Chacun sait ce qui se passe dans un incendie, quand l’incendié a commis l’honnête maladresse de sauver une partie de son mobilier. Toutes les roueries juridiques de nos Compagnies d’assurances entrent alors en jeu pour surestimer la partie sauvée et réduire en conséquence l’indemnité à payer. Si, comme il arrive en ce moment, les prix des matières premières