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peut être résumé en trois termes principaux : déblayer et reconstruire à la surface ; épuiser les eaux ; rentrer dans les galeries souterraines et les remettre en état. Dans le détail, chacun de ces problèmes se pose très différemment suivant le degré d’intensité atteint par la destruction et, comme nous l’avons annoncé, nous serons amenés à envisager tout à l’heure quelques monographies qui seront, pour nous, le seul moyen de faire voir, dans son détail vivant et pittoresque, la réalité, la matérialité de l’effort. Mais il est toutefois une question préjudicielle qui intéresse peut-être nos lecteurs plus que toute autre, c’est de savoir si cette multitude d’efforts locaux ont bien été rationnellement subordonnés à des idées d’ensemble ; si l’intérêt général du pays, que cette crise du charbon atteint si profondément, s’est trouvé représenté et défendu en même temps que les très respectables intérêts individuels. En un mot, un problème général d’organisation se posait avant tout problème de réalisation partielle et doit être examiné le premier.

A cet égard, il peut y avoir et il y aura nécessairement toujours des discussions et des critiques. La centralisation administrative a ses défauts comme elle offre des avantages. Suivant que l’on est plus ou moins opposé à l’Etatisme, on peut être plus ou moins frappé par les uns ou par les autres. Néanmoins, il n’est pas douteux que, dans une œuvre d’une amplitude pareille, un effort de coordination s’imposait et que chacun s’y est appliqué pour le mieux, souvent avec le plus noble esprit de sacrifice. Les difficultés de tous genres qui se présentaient n’étaient pas aisées à résoudre avec une justice absolue. En principe, il s’agissait de réparer entièrement aux frais de l’État les dommages causés, mais pourtant de ne pas faire payer par la communauté des améliorations utiles aux sinistrés pour l’avenir ; il fallait également établir, entre les diverses victimes de la guerre, une répartition équitable. Pour exécuter cette immensité de travaux, l’Etat s’est substitué des groupements, qui, à leur tour, ont souvent sous-traité avec les Compagnies minières, de manière que chacune de celles-ci travaillât en définitive sur sa propre concession, comme entrepreneur indirect de l’État, avec un contrat où tous les détails ont été prévus de la manière la plus minutieuse. Il semble que, de cette manière, on ait réussi, après quelques tâtonnements, à concilier quelque