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Mais l’offensive franco-anglaise du 25 septembre 1915 fournit à l’ennemi le prétexte et l’occasion de mesures plus graves qu’il devait ensuite appliquer successivement aux autres concessions pendant ses reculs successifs jusqu’à l’automne 1918. À ce moment, l’armée britannique avait enlevé la ville de Loos et la fosse 15, des mines de Lens. Le moment parut venu de faire sauter les cuvelages à plusieurs fosses de Lens (n° 5, 11, etc.), inondant ainsi, non seulement la concession de Lens, mais celles de Meurchin et Liévin, qui communiquent souterrainement avec elle. En même temps, des équipes de pionniers venaient briser le matériel de mine superficiel et dynamiter toutes les chaudières ; tous les moteurs électriques et groupes électrogènes étaient enlevés ; des explosifs étaient préparés pour renverser les chevalements en cas de recul.

Une nouvelle étape dans cette œuvre de dévastation fut marquée quand, en avril 1917, les Anglais eurent conquis la crête de Vimy. A partir de cette date, l’œuvre de mort, accomplie à Lens, se reporta plus à l’Est vers Courrières et Dourges : bris de 160 chaudières à Courrières ; destruction des machines, criblages, passerelles, etc. et, pour conclusion, le cuvelage de la fosse 9 détruit à Courrières, retirant à la France une production annuelle de 4 millions de tonnes.

Enfin, c’est dans le mois d’octobre 1918, à la veille de l’armistice, que furent annihilées les mines plus orientales d’Aniche et d’Anzin, représentant à elles seules une extraction de 8 millions de tonnes. Comme partout, l’opération y fut exécutée avec méthode, suivant un programme tracé longtemps à l’avance et dans un minimum de temps. Dès la fin de septembre, les chambres d’explosion sont préparées à Aniche. Le 1er octobre, trois équipes de 75 pionniers se mettent au travail. En six jours, ils anéantissent treize sièges d’extraction, les laveries, les fours à coke, les voies ferrées, les ponts. A Carvin (au Nord de Courrières), tout saute le 4 octobre ; à Flines-les-Raches, du 5 au 7 octobre ; à Anzin et Douchy, du 3 au 15 octobre. A Anzin notamment, dès le 3 octobre, on se met à crever le cuvelage de la fosse Thiers, à couper les chevalements, à faire sauter les chaudières. A l’Escarpelle, il y eut de même trois cuvelages crevés.

La toute dernière étape met particulièrement en évidence la duplicité allemande, contre laquelle nous ne serons jamais assez