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dans l’intelligence intime de la langue et de la pensée françaises pour prendre une part plus profonde, et non plus vaguement réceptive et assimilatrice, à la vie intellectuelle de la France. »

En Grèce : les écoles françaises qui fonctionnent actuellement sont au nombre de 44, dont 41 confessionnelles et 3 laïques ; les écoles de garçons avec 3 019 élèves, les écoles de filles avec 3 710. La clientèle en est presque partout en augmentation ; dans certaines villes, comme à Patras et à Syra, elle a doublé ; elle a triplé à Salonique depuis l’annexion de cette ville à la Grèce. En outre, des cours populaires professés dans diverses cités du royaume ont été accueillis partout avec une grande faveur ; parfois même, ils ont obtenu un succès dont l’ampleur a embarrassé les organisateurs, qui, faute de locaux et de maîtres suffisants, n’ont pas pu donner satisfaction à toutes les demandes. À Corfou, ville de vingt mille âmes, l’enseignement du français a été donné à un total de 729 élèves. Le gouvernement grec a obtenu du gouvernement français l’envoi d’une mission de professeurs de lettres et de sciences, chargée d’organiser le lycée d’Athènes sur le modèle des lycées de France ; et ce lycée réorganisé deviendra à son tour un modèle pour tous les autres. Il a sollicité une deuxième mission, destinée, cette fois, à une École normale, qui deviendra une pépinière de maîtres de français. Il s’est entendu avec un certain nombre d’historiens et de gens de lettres, qui ont accepté de donner en Grèce une série de conférences en français… Qui parle ainsi ? Un de nos propagandistes ? Point : c’est M. Vénizélos lui-même.

Fût-ce dans les pays que leur position géographique condamne à rester fatalement dans l’orbite de l’Allemagne, comme les pays Scandinaves, « l’intérêt pour la France et pour la langue française a beaucoup augmenté au cours de ces dernières années : » d’après M. Nyrop, « l’Alliance française de Copenhague compte plus de 1 000 membres, contre 850 en 1914. » L’ennemi même, par un exemple que nous devons retenir, et en dépit des efforts des impérialistes obstinés, ne cesse pas de prêter attention au français. L’École Berlitz a pu constater que « l’enseignement du français a fait chaque jour des progrès, non seulement dans les pays alliés, mais encore dans les pays neutres et même dans les pays ennemis, où les écoles ont été mises sous séquestre. À Hambourg, il y a deux fois plus d’élèves pour le français qu’il n’y en avait au moment de la guerre. Il en