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régulièrement à l’intervalle d’une heure, chaque fois après un court arrosage d’obus de 150. Ces attaques, qui sont d’ailleurs assez molles, paraissent faites par des troupes très jeunes.

Au cours de la journée, deux drachen-ballons allemands ont fait leur apparition, et j’ai reçu le compte rendu d’une reconnaissance aérienne française qui n’éclaircit guère notre situation. On nous indique cependant de nombreuses batteries allemandes, mais la plupart sont hors d’atteinte de notre artillerie de campagne. Il y en a toutefois de très rapprochées, au Sud de Beerst et à l’Ouest d’Eessen, et nous les contrebattons très fréquemment, sans parvenir à les dominer. Il nous faudrait cependant une artillerie puissante pour contrebalancer le désavantage de la forme demi-circulaire de notre ligne d’avant-postes qui les expose aux coups d’écharpe et de revers. Or, notre ravitaillement en munitions devient parcimonieux, et, de plus, le nombre des pièces dont je dispose diminue chaque jour du fait d’avaries qui proviennent, paraît-il, d’une légère différence de tracé entre les canons de 1c/m, 5 belges et les obus français qu’ils tirent.

Aussi j’éprouve une grande satisfaction en voyant arriver à mon Quartier Général le chef d’escadron Gruardet qui m’amène 2 batteries de 155 court et 2 batteries de 120 long, que je fais mettre en position à l’Ouest du carrefour d’Oudebarreel pour le 155, à l’Ouest d’Ootskerke pour le 120.

La situation générale est la suivante :

La 89e D. T. prolonge notre droite à Saint Jacques Cappelle, en relevant la 5e D. A. belge. Je n’entends plus parler de l’attaque annoncée sur Merckem.

Les contre-attaques belges n’ont pu refouler les Allemands qui se maintiennent dans la boucle de l’Yser, entre Schoorbakke et Tervaete, et la situation devient préoccupante de ce côté. En outre, la 42e division, qui a fini de débarquer, progresse, dit-on, de Nieuport vers Lombaertzyde et la ferme Bamburgh. On signale aussi une avance anglaise dans le Sud, mais nous nous méfions beaucoup des termes « progresse » et « avance, » que nous trouvons trop vagues. Naturellement, on signale des colonnes allemandes en marche un peu partout.

Nos pertes augmentent sans cesse, malheureusement, et, pour préciser nos besoins, je télégraphie à la Marine que ma brigade a perdu onze lieutenants de vaisseau depuis son arrivée