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Grand Quartier prescrit à la brigade Meyser de garder la tête de pont, et à la mienne de tenir l’Yser depuis la borne 16, aboutissement du chemin-digue qui vient d’Ootskerke, au Nord, jusqu’à la borne 20, aboutissement du chemin de Saint-Jacques-Cappelle, au Sud, soit sur 4 kilomètres. Peu après, la brigade Meyser est placée sous mes ordres, et le colonel Jacques, du 3e de ligne, prend le commandement de la tête de pont, sur la rive Est.

Au sujet de la répartition des troupes, Belges et marins, dans le secteur, divers livres m’ont attribué la déclaration : « A vous (Belges) la rive droite, à nous (marins) la rive gauche. » Je n’ai rien dit de semblable, car une telle déclaration eût comporté, de ma part, l’idée de placer les marins en arrière, et en quelque sorte en réserve des troupes belges. Je ne pouvais avoir une idée pareille, parce que, si les troupes belges étaient plus aguerries que les miennes, pour avoir combattu depuis plus de deux mois, elles étaient aussi plus fatiguées par la longue et dure épreuve qu’elles venaient de subir. D’ailleurs, l’opposition des termes « vous et nous » n’a aucun sens pour moi, puisque ma responsabilité s’étend sur les deux rives. En réalité, la situation tactique relative des deux groupes, pour aujourd’hui, résulte d’un ordre du Grand Quartier qui est la conséquence directe des mouvements de troupes de la nuit, et que je n’ai pas à discuter. Au surplus, cette situation va ne durer que quelques heures, car j’aurai mis un millier de marins dans la tête de pont avant la fin de la journée, et ce nombre atteindra 1 500 dès la nuit prochaine.

La tête de pont durera ce qu’elle pourra, le plus longtemps possible, certes, mais la position principale est l’Yser même, et il faut interdire à l’ennemi de le franchir. En conséquence, j’adopte le dispositif ci-après pour la rive gauche, toutes les unités devant être en place à huit heures. Un secteur Nord, confié au premier régiment de marins, et un secteur Sud confié au deuxième, séparés par la route Dixmude-Caeskerke comme auparavant. Dans chaque secteur, un bataillon le long de l’Yser en soutien dans des tranchées creusées entre le pont-route et la gare de Caeskerke, un bataillon en réserve au carrefour d’Oude-Barreel. L’infanterie non employée de la brigade Meyser est placée plus en arrière, et doit alimenter les éléments belges de la tête de pont.