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ne part plus aucun coup de fusil. Jugeant cet entassement dangereux au cas où l’artillerie allemande le distinguerait, je donne aussitôt l’ordre de pénétrer dans le village qui est occupé sans pertes nouvelles, les Allemands venant de l’évacuer. Puis, je prescris le renvoi à Dixmude du bataillon Jeanniot, et je donne les ordres nécessaires pour l’organisation du village et de ses abords. La nuit tombe, et il est trop tard pour poursuivre l’attaque sur Keyem, surtout en l’absence de renseignements de ce côté.

A 17 h. 30, je reçois l’ordre de ramener ma brigade à l’Ouest de l’Yser, et de la cantonner à Saint-Jacques-Cappelle et Caeskerke. Je fais le nécessaire aussitôt, et je rentre à Dixmude pour connaître la cause du changement de la situation. J’apprends alors que les nouveaux ordres du Grand Quartier sont motivés par l’approche de fortes colonnes allemandes, ce qui oblige à assurer fortement la ligne de l’Yser.

A 22 heures, et sous une assez forte pluie, l’état-major de la brigade et le 2e régiment sont à Caeskerke-village, et le 1er régiment à Saint-Jacques-Cappelle, mais la prise des cantonnements a été difficile, les deux localités qui nous ont été attribuées étant fort petites et très encombrées. La brigade belge Meyser occupe la tête de pont de Dixmude. Les goumiers sont rentrés à Loo, avec leurs autos. La nuit est calme et pluvieuse, et l’on voit beaucoup d’incendies dans l’Est.


20 octobre.

La journée du 19 a coûté à ma brigade 13 tués dont 2 officiers, 85 blessés dont 4 officiers, et 10 disparus. Je me demande si ces pertes sont justifiées, l’occupation de Keyem et Beerst ne pouvant être que momentanée. Les forces importantes allemandes qui ont été libérées par la prise d’Anvers ne peuvent avoir d’autre objectif que la destruction de l’armée belge qui vient de leur échapper, et l’on ne peut recevoir convenablement leur choc que derrière l’Yser. C’est bien ce qui est prévu, mais, pour ma part, j’aurais préféré pouvoir utiliser la journée du 19 à perfectionner l’organisation avancée de Dixmude, et à détruire tout ce qui pouvait faciliter l’organisation des Allemands en avant de nos lignes. Mais nous n’en avons pas eu le loisir. Quoi qu’il en soit, dans la nuit du 19 au 20 octobre, l’armée belge a repris ses positions sur l’Yser. Le