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foi publique. Par exemple, le 20 juillet 1918, trois jours après le crime, un train quitta officiellement Ekaterinburg et il fut bruyamment annoncé qu’il emportait les prisonniers impériaux. En réalité, la lectrice et amie de l’Impératrice, Mlle Schneider, la toute jeune demoiselle d’honneur comtesse Hendrikoff, le maître d’hôtel Nagorni, les laquais Valkoff et Trun se trouvaient seuls dans ce train qui fut dirigé sur Perm. Tous, à l’exception d’un des domestiques qui, par un hasard inouï, put s’échapper à la dernière minute, furent fusillés près de Perm le 22 août 1918. Quelques autres personnes attachées à la malheureuse famille impériale, furent emmenées jusqu’à Tyumen, en Sibérie ; là, elles reçurent l’ordre formel de quitter le district dans un délai de vingt-quatre heures.


Tel fut, — textuellement, — le récit du général Diederichs. Il contient des faits importants et met définitivement fin à toutes sortes de prétendues informations. J’ai tenu à le rapporter, aussi sobrement, simplement et véridiquement qu’il m’a été fait par une bouche si autorisée.

Puisse cette publication ruiner une fois pour toutes les rumeurs et fables toujours renaissantes, — et toujours de source bolchevique, — d’après lesquelles le Tsar serait vivant, ainsi que sa famille, caché au fond de la Russie ! Un de ces articles bolcheviques, destinés à égarer l’opinion, parut à Moscou le 17 décembre 1918. Litvinoff (Finkelstein) à Copenhague, avoue une partie du meurtre et nie l’autre. Dans un journal allemand, en avril 1920, parut une correspondance d’un soi-disant prisonnier de guerre allemand, qui disait avoir assisté à Ekaterinburg au meurtre du seul Nicolas II.

La raison de ces bruits tendancieux est si claire pour qui connaît l’histoire de la Russie et l’âme russe ! Créer plus de confusion, de dissensions, de crainte et d’espoir superstitieux dans cette mentalité déjà si profondément ébranlée et atteinte jusque dans ses racines…


NICOLAS DE BERG-POGGENPOHL.