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toujours le maître de sa voix, non plus que de ses actes ! Votre Eminence me pardonnera-t-elle d’ajouter, qu’en toute autre occasion, si je vis jusque-là, Elle me retrouvera entièrement à sa disposition ? le crois pouvoir répondre que si l’Académie ne nomme pas un ecclésiastique au fauteuil du cardinal Perraud, cela ne voudra pas du tout dire qu’elle renonce à l’éclat qu’ont jeté sur elle tant de princes de l’Eglise, et le jour qu’elle aura décidé, intra se, d’en choisir un, je ne doute pas que tous les suffrages ne se portent sur Votre Eminence.

Veuillez agréer, je vous prie. Monseigneur, l’humble hommage des sentiments de respect et de vénération avec lesquels je suis de Votre Eminence le très fidèlement dévoué.

FERDINAND BRUNETIERE.


Le cardinal Mathieu devait être élu au fauteuil du cardinal Perraud, mais il semble qu’il garda sinon quelque rancune, du moins quelque amertume de la franchise avec laquelle Ferdinand Brunetière avait invoqué l’engagement qui le liait au marquis de Ségur. Nous lisons en effet dans une lettre que celui-ci écrivait à Mme Buloz le 15 octobre 1906 : « Pour le moment, du fond de ma solitude, qui est assez triste, je n’ai pas de « nouvelles » à vous donner, ni rien de bien intéressant à vous dire, si ce n’est que le cardinal Mathieu m’a honoré de sa visite, en compagnie de M. Rodocanachi que je n’avais pas l’honneur de connaître. Visite assez insignifiante, qui n’a pas dissipé la contrainte que l’affaire académique a mise décidément entre nous, et qui n’a pas non plus terminé le conflit de l’Église et de l’État. »