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surplus, les exemples ne lui manquaient pas. De ces couvents transformés et ouverts, on sait qu’il y en avait en Allemagne, à Ratisbonne par exemple et à Cologne, — en Flandre, à Mons, à Maubeuge, à Nivelle, à Denain ; — en Lorraine, à Remiremont, à Poussay, à Bouxières, à Epinal ; — à Andlau et à Massevaux en Alsace ; — et aussi, en d’autres parties de la France, à Salles, en Beaujolais, à Notre-Dame-du-Ronceray, près d’Angers. Inutile de dire que l’émancipation féminine s’y était traduite par le rejet des gênes disgracieuses du vêtement médiéval. Et dans les maisons qui s’étaient autrefois réclamées de la modeste sœur de saint Benoit, — sainte Scholastique, — au costume antique s’étaient substituées, notamment à Remiremont, à Epinal, à Denain, des toilettes composites, parfois bizarres, souvent élégantes, plus jamais sombres. Tantôt, mignardes en leurs atours, elles agrémentaient la guimpe de fraises, la coiffe de rubans, la grande manche de dentelles ; — tantôt, somptueuses, elles capitonnaient les mantes d’hermine, bordaient les jupes de velours, drapaient harmonieusement les « coules » et les prolongeaient en longues queues, — permettaient même aux cheveux de sortir, frisés, d’une coiffe allégée, aux gorges de se libérer d’une « toile » qui n’était plus que de la gaze.

Seulement, à la fin du XVIe siècle et au commencement du XVIIe, on ne se contentait pas de ces satisfactions frivoles. Le Protestantisme avait passé, et la licence d’idées humaniste, et les souffles chauds de la Renaissance artistique, — puis, pour comble, la Guerre de Trente ans et la Fronde. — Ce qu’eût été au XVIIe siècle la transformation des couvents si le pouvoir, dès la régence de Marie de Médicis, avec le cardinal de La Rochefoucauld, puis sous Richelieu, n’était venu au secours de saint François de Sales et de Bérulle, — ce qu’elle eût été sous Louis XIV encore, au temps de la « bonne régence, » — vous l’apercevez à Sainte-Glossinde de Metz par cette Louise de Foix. Théoriquement convaincue, comme ses devancières, qu’il faut que, dans ces aristocratiques béguinages, la vie soit douce, riante, attirante, afin, — écrivait-elle, — de ne point « déserter, » — entendez : dépeupler, — le monastère, Louise de Foix ne s’embarrasse pas de vains scrupules ; les procès-verbaux de l’enquête menée pendant un an par Bossuet et son collègue en témoignent. De clôture il ne s’agit plus, bien entendu, dans