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des exigences prosaïques de cette lutte pour la vie où il devait, tout comme le premier venu, se débattre.

Ce document, c’est une requête, adressée, probablement en août 1664, par l’intermédiaire du comte d’Albon et de l’abbé Montaigu, au chancelier Pierre Séguier : « Depuis quatre ans, on conteste à l’abbé Bossuet le prieuré de Gassicourt, — qu’il a de feu M. le Cardinal (Mazarin), — par toute sorte de chicanes. Ce procès, depuis ledit temps, est lié au Grand Conseil entre toutes les parties. La récréance, » — c’est-à-dire la possession provisoire du prieuré en litige, — a été « adjugée audit Bossuet qui est en possession. Le procès présentement est sur le bureau depuis près de quinze jours… Monsieur le Chancelier est supplié de vouloir arrêter le cours des chicanes qu’on prépare, et maintenir le dernier arrêt [du Grand Conseil], afin que ledit Bossuet puisse reprendre, et continuer avec plus de liberté, ses occupations ordinaires. [Signé] — BOSSUET. »

De quoi il retournait[1], nous le savons désormais très exactement. Le prieuré-doyenné de Saint-Sulpice de Gassicourt-lès-Mantes appartenait, au commencement de 1660, à Pierre Bédacier, ce bénédictin de Cluny suffragant de Mgr Henri de Verneuil et administrateur du diocèse de Metz. Bossuet avait eu, — on s’en souvient, — avec Bédacier, depuis son arrivée à Metz, d’excellentes relations. Il le secourait, — nous aurons encore lieu de le signaler, — dans les luttes que le pauvre évêque contesté avait à subir de l’acharnement des chanoines. Rien d’étonnant à ce que Bédacier eût l’intention de récompenser son jeune allié, en lui transmettant un de ses bénéfices. C’est ce qu’il fila l’automne de 1661, vers le 13 octobre, où, revenant de Paris à Metz, il tomba gravement malade en chemin, à Château-Thierry. On le transporta au château du Charmel, chez un ami. Il manda Bossuet, et se voyant mourir, il exprima, — sous quelle forme nous l’ignorons, — son désir « que le prieuré de Gassicourt revint après sa mort à Bossuet. » Grâce à des combinaisons sur quoi je reviendrai tout à l’heure, — mais auxquelles, dès le 15 octobre, le cardinal Mazarin, abbé

  1. Comparez, avec les notes des éditeurs de la Correspondance, Ernest Jovy. Bossuet prieur de Gassicourt les Mantes et Pierre du Laurens. Un factum inédit contre Bossuet. Vitry-le-François, 1891, et Bossuet prieur de Gassicourt les Mantes et Pierre du Laurens. Quelques factums oubliés contre Bossuet, 1898, — que je résume pour les faits.