Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 58.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’examen en commun d’une situation certes très critique laisse cependant aux chefs d’État-major généraux français et anglais une impression plus favorable qu’au commandant en chef italien, quant aux ressources disponibles et au parti qui peut en être tiré. Tous deux remettent au général Cadorna une note écrite et signée, résumant les avis autorisés qu’ils lui ont donnés verbalement :


31 octobre 1917.

1o Les armées italiennes ne sont pas battues ; une seule, la deuxième, a été attaquée.

2o A condition d’y remettre de l’ordre, elles représentent une vraie valeur, qui doit pouvoir leur permettre :

— de disputer à l’ennemi la ligne du Tagliamento ;

— de résister sur la Piave et dans le Trentin avec l’aide des forces alliées en cours de débarquement, qui se concentrent en arrière.

3o Les forces alliées ne peuvent, en Italie, constituer qu’un appoint au profit de l’armée italienne, toujours responsable de la défense de l’Italie, dont le sort dépend par suite de la conduite et de la tenue de l’armée italienne.

4o La défense de l’Italie ainsi entrevue peut être réalisée à la condition que le commandement italien :

a) Arrête ferme un plan de défense :

b) Fasse tenir à l’avance par des troupes commandées par des chefs énergiques les points importants des lignes de défense (Tagliamento, Piave) ;

c) Réunisse des troupes en arrière des lignes de défense pour les y réorganiser ou occuper les lignes.

Signé : FOCH, ROBERTSON.


Pas une fois n’apparaissent dans cette note les noms du Pô ni du Mincio. En revanche, on y trouve ceux du Tagliamento, ligne de défense qui doit être disputée à l’ennemi, et de la Piave, seconde ligne de défense, sur laquelle les armées en retraite doivent pouvoir résister, en se soudant à l’armée qui tient le front du Trentin. Au demeurant, toute la note est un programme clair et concis, où se reconnaît le principe de disputer le terrain pied à pied, en commençant par le plus rapproché de l’ennemi, de toujours regarder en avant pour combattre, en arrière pour organiser.

Le repli derrière le Tagliamento est alors en train de s’effectuer. Il s’achève le 1er novembre, sans que l’ennemi ait pu, par