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asservir économiquement. Qu’auraient dit les Allemands si nous avions formé des sociétés françaises pour exploiter, à notre compte, pendant un siècle, les gisements des sels de potasse de Stassfurt, les charbonnages de la Ruhr et de Silésie ? si nous avions pris le contrôle de leurs chemins de fer, installé nos ingénieurs dans leurs ports ? appliqué en un mot, dans le traité de Versailles, le système prodigieusement raffiné et à longue portée qui a dicté ceux de mars et de mai 1918 ? C’est alors que M. Keynes aurait eu beau jeu pour blâmer l’excès de notre sévérité et l’abus de la victoire. Mais que nous en sommes loin !


V. — CONCLUSION

La Juste Paix ! Ces mots que nous avons inscrits au frontispice de notre étude lui serviront de conclusion. Nous ne réclamons que notre droit, mais nous le réclamons tout entier, tel qu’il résulte des traités de Versailles, de Saint-Germain-en-Laye, de Neuilly-sur-Seine, du traité qui reste à signer avec la Turquie. Ces accords internationaux ont été discutés par les plénipotentiaires les plus qualifiés, solennellement ratifiés par les autorités souveraines des pays intéressés. Jamais encore le monde n’avait vu un pareil groupement de nations, appartenant à tous les continents, se réunir pour prendre en commun des résolut ions obligatoires pour tous.

La politique des Alliés est nettement tracée. Il n’est permis a aucun d’eux de combattre, ni même de discuter le traité de Versailles, puisqu’aussi bien c’est celui que l’on invoque constamment et que ce qui est vrai de lui s’applique aux conventions signées avec les ex-alliés de l’Allemagne. Il n’est pas moins hors de propos de déclarer ces pactes insuffisants pour les Alliés que de les dénoncer comme imposant aux Germano-Turco-Austro-Bulgares des sacrifices démesurés.

Nous avons suivi M. Keynes dans son exposé, sans laisser dans l’ombre aucun des arguments qu’il invoque à l’appui de son opinion. Nous espérons lui avoir répondu sur tous les points. Nous nous retournons maintenant vers les Alliés, vers nos compatriotes, et nous leur disons : « Voici un traité qui fait loi. Étudiez-en encore une fois les dispositions et pénétrez-vous-en. C’est Une œuvre humaine, donc imparfaite, mais elle est construite avec méthode. Si elle est respectée, elle pourra, pendant