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surface en est constituée par des nuages photosphériques ou grains de riz (dont nous avons, soit dit en passant, trouvé la température voisine de 6 000 degrés) dont chacun a une étendue fréquemment plus grande que la France tout entière, et qui sont animés de mouvements si rapides que l’aspect des clichés n’est plus identiquement le même d’une minute à l’autre et que les cyclones terrestres les plus formidables n’ont que des vitesses infimes en comparaison. Pareillement, toute la partie basse de l’atmosphère solaire est (le spectroscope le montre) sujette à de constantes et violentes éruptions. Tous ces mouvements des gaz solaires doivent engendrer des décharges électriques semblables à celles de nos orages, mais incomparablement plus intenses, et partant des ondes hertziennes puissantes.

L’analyse spectrale conduit aux mêmes conclusions et elle a établi, notamment grâce aux belles recherches de M. Deslandres, que les protubérances éruptives de l’atmosphère solaire, — et qui auréolent de leur dentelure enflammée et rose le bord noir de la lune dans les éclipses solaires totales, — sont illuminées électriquement et produites par des décharges analogues à celles des orages terrestres.

C’est ainsi que nous avions été amené, il y a bientôt vingt ans, à établir que le soleil doit émettre des ondes hertziennes, et que cette émission doit être particulièrement intense dans les régions et aux époques de la plus grande activité solaire, c’est-à-dire dans la région des taches et des facules et au moment du maximum des taches solaires.

En 1901, nous fîmes à l’observatoire du sommet du Mont-Blanc des expériences dans le dessein de déceler les ondes hertziennes émises par le soleil. A priori, le succès de l’expérience était douteux, car les ondes hertziennes ont cette propriété particulière que, traversant facilement les gaz à la pression atmosphérique, elles sont très fortement absorbées par les gaz très raréfiés. Il était donc probable que les ondes électriques solaires étaient arrêtées par les couches extérieures raréfiées de notre atmosphère, — en y produisant d’ailleurs des phénomènes sur lesquels nous reviendrons.

Effectivement, nos expériences de 1901 au Mont-Blanc donnèrent un résultat négatif. Il semble infiniment probable que les ondes hertziennes d’origine cosmique qui viennent d’être enregistrées par les stations Marconi sont précisément les ondes hertziennes solaires que nous n’avions pu déceler il y a dix-neuf ans parce que les appa-